La Nouvelle-Calédonie, terre de vélo (2)

Présent en Nouvelle-Calédonie, avec une forte histoire personnelle liée en partie au vélo, notre ambassadeur Green Cycling, Vincent HURSTEL, en a profité pour faire le point sur les pratiques de ce sport qui a permis à la France de briller sur nombre de compétitions internationales. Bien sûr, le rugby, la natation, l’athlétisme, le football, les sports nautiques et tant d’autres sont aussi des sports dans lesquels les Néo-Calédoniens brillent sous les couleurs des équipes de France.

Si nous avons déjà présenté récemment le développement du VTT sur le Caillou, il faut se souvenir de l’histoire du vélo de route et du vélo de piste, pour mieux envisager ce que pourrait être, ce que devrait être l’avenir de ces pratiques qui se retrouvent un peu livrées à elles-mêmes ces dernières années.

Sur piste la première édition des six jours de Nouméa date de 1977 avec pour vainqueur Daniel Morelon. De nombreux grands champions ont participé par la suite à ce rendez-vous ultramarin très prisé.

Sur route, le Tour de Nouvelle-Calédonie cycliste a vu sa première édition organisée en 1967 et des grands noms du peloton professionnel comme Gilbert Duclos-Lassalle, Laurent Fignon ou Yaroslav Popovych sont venus participer en leur temps à ce qui fût la plus grande épreuve amateur proposée aux cyclistes. En 2023, la cinquantième édition a pris la forme d’un Tour de Nouvelle-Calédonie Cyclo et a été remportée par le talentueux et reconnu Néo-calédonien Florian Barket qui a longtemps couru en Bretagne, à Villefranche-sur-Saône et en Martinique.

Car le vélo est un sport qui passionne une grande partie de la Nouvelle-Calédonie, les organisateurs du Tour ont toujours privilégié des parcours variés qui allaient au contact des tribus kanak de la côte Est ou des îles Loyauté. Un travail de longue haleine que l’ancien Président Gérard Salaun a mené avec une main de maître, en allant au-devant des coutumes locales. Et tous les cyclistes qui sont venus courir, sur route ou sur piste, gardent un souvenir marquant de leur séjour. La période Covid, et les difficultés qui touchent le sport cycliste en France ont contribué à plonger dans le marasme une activité qui avait de nombreux intérêts. D’abord parce qu’elle permettait une communion du public sur tout le territoire, au travers de toutes les communautés, un moment de partage intense en octobre de chaque année. Bien sûr tous les spectateurs ont tendance à encourager les cyclistes de Nouvelle-Calédonie mais restent respectueux de tous, et surtout sont ravis de voir passer la caravane chez eux. Il faut rappeler que la Nouvelle-Calédonie est, au-delà d’un vaste archipel méconnu, un endroit où les distances permettent de parcourir des routes renouvelées chaque année. Rien que sur la Grande Terre, plus de 400 kilomètres séparent le nord du sud de l’île avec une chaîne montagneuse qui sépare la côte ouest de la côte est. La simple île de Lifou est plus grande que la Martinique. De plus une ascension de mine est proposée lors de chaque édition pour rappeler la traditionnelle « caillasse » des premières années.

Et à côté de cet engouement, il faut aussi rappeler que le niveau des cyclistes locaux est particulièrement élevé. Pour faire court citons Laurent Gané, ce pur produit du cru qui fût deux fois médaillé aux Jeux Olympiques dont une médaille d’or à Sydney, et 15 fois médaillé aux championnats du monde dont 7 maillots arc-en-ciel. Et que dire de cette championne qui a fait de Nouméa sa ville de cœur, Félicia Ballanger et dont le fils cadet semble suivre les traces de sa maman.

Alors que penser de l’état de cette piste de Nouméa, une piste qui a vu tant de champions passer et qui sert de camp d’entrainement à celles et ceux qui pourraient être nos champions de demain ? La piste est aussi une passion en Nouvelle-Calédonie qui en comptait quatre fût un temps, dont 2 réalisées par des bénévoles avec les moyens du bord. Bernard Hinault avait même dit lors d’un séjour qu’il y avait, toutes proportions gardées, davantage de vélodromes en Nouvelle-Calédonie qu’en métropole.

Le 11 novembre dernier était organisées sur le vélodrome de Magenta (la piste de Nouméa) deux soirées au cours desquelles pas moins de sept champions olympiques étaient invités. Nous en avons profité pour faire le point. Une équipe de bénévoles exceptionnelle avec une Félicia Ballanger au four et au moulin, ou plutôt aux petits soins pour accompagner les petits et au micro pour accompagner les plus grands. Son enthousiasme et le travail des officiels et des bénévoles mériteraient que nos décideurs investissent à minima pour rénover cette piste qui n’est plus au niveau de ses pratiquants. Le projet de construire un vélodrome flambant neuf est aussi dans les cartons mais il semble être hors de la portée budgétaire de la collectivité. Pourtant, si l’on pense au magnifique travail engagé côté VTT, on pourrait se poser la question de l’avenir et de la jeunesse. Ne serait-il pas judicieux de penser, au-delà de l’aspect local d’une telle infrastructure, à la place de la France et de l’Europe dans cette endroit de la planète qui devient le centre de gravité de nombreuses compétitions sportives de haut niveau, jusqu’aux Jeux Olympiques de Brisbane en 2032.

Ce fameux axe Indopacifique à deux pas de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, et pas très loin de l’Asie, Chine et Japon compris. Et puisque le Caillou est en plein doute côté institutionnel, investir pour la jeunesse, mieux pour les jeunesses au travers de la construction d’un vélodrome qui pourrait donner des envies de découvertes aux jeunes de toutes les ethnies, au-delà de la population familiarisée avec la pratique du vélo depuis des décennies, ne serait-il pas aussi une idée à mettre dans la balance ?

Parce que le sport cycliste fait, comme en France, partie de l’histoire du pays. Il suffit de regarder les années au cours desquelles le Tour de France, comme le Tour de Nouvelle-Calédonie n’ont pas été organisés :  édifiant !

Une autre force du Caillou est que sa population est très pratiquante côté sportif, il faut dire que les conditions climatiques sont un atout en la matière. Au point d’élire le meilleur sportif avec souvent une grande concurrence. Si cette année le champion du monde de natation Maxime Grousset a été élu pour 2023, le champion paralympique Pierre Fairbank, autre multi-médaillé, est souvent nommé. Notre rencontre du mois de novembre 2023 nous a permis de mieux découvrir cet autre homme d’exception.

Vincent HURSTEL, qui a pu faire quelques kilomètres de vélo dans la brousse de Nouvelle-Calédonie avec Thibault Pinot en 2014, et qui a pu comprendre au contact de Gilbert Duclos-Lassalle, Bernard Thévenet ou du journaliste Thierry Adam en quoi nos amis du bout du monde méritent d’être mieux connus, voire davantage reconnus, voulait nous rappeler qu’il est parfois utile de voir ce qui se passe loin de nos bases pour mieux comprendre le chemin qu’il nous reste à parcourir pour que la pratique du vélo ne se résume pas au développement du vélotaf, mais conserve voire développe ce qui a fait la richesse et la légende du sport cycliste.

Le programme « Sécurité Oblige » entamé par l’équipe Green Cycling rentre tout-à-fait dans cette démarche.

CPT.com

12/2024

Texte Vincent

Photos V.H/D.R

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