Voyages à vélo: Les meilleurs plans de vos vacances… ADN, Interview d’Alexandre Schiratti…

Depuis la pandémie, le marché du vélo a explosé, nos envies d’ailleurs aussi. Géographe et cycliste passionné, Alexandre Schiratti retrace les 200 ans d’histoire du vélo. Dans Prendre la route (Arkhé), il décrypte notre attrait croissant pour le vélocipède (de son vrai nom) comme moyen de voyager autrement, aux antipodes des trajets de 9 minutes en jets privés. Au programme : émerveillement face à la nature, éloge de la lenteur et anticonsumérisme… Interview.

ADN: Comment le vélo s’est-il glissé dans notre quotidien ?

Alexandre Schiratti : C’est en fait l’invention qui précède les usages, qui mettent presque une trentaine d’années à se fixer. L’histoire du vélo commence en 1818 avec le Baron Karl Drais von Sauerbronn : dans la ville de Mannheim en Allemagne, il invente (sans trop savoir ce qu’il va en faire) une « machine à courir », une sorte de trottinette qui portera son nom, la draisienne. L’objet est rapidement adopté par la bourgeoise, et l’aristocratie locale s’en sert pour arpenter maladroitement la campagne environnante avant de le délaisser faute de possibilité d’utilisation. L’ancêtre du vélo tombe alors dans l’anonymat. Au début des années 1860 à Paris, le ferronnier Pierre Michaux ajoute des pédales à l’invention du baron allemand. C’est un tournant : les pédales permettent de décupler la vitesse et la distance parcourue. Le vélo peut enfin être utilisé pour se promener : les gens tâtonnent, testent… Finalement, deux fonctions émergent : le voyage et les compétitions sportives. Les premiers utilisateurs sont issus des classes favorisées : en plus d’avoir les moyens d’acquérir un vélo (très cher à l’époque car produit de façon artisanale), ils jouissent de suffisamment de temps libre pour s’adonner à des loisirs, ce qui dans la France du 19ème siècle est réservé à une élite. La popularisation du vélo advient finalement entre la fin du 19ème et le tout début du 20ème siècle : l’industrialisation permet la production de bicyclettes accessibles et la législation généralise le temps libre, dimanche, samedi et enfin congés payés. Le vélo apparaît alors comme un véritable symbole de progrès. La France du Second Empire, « un siècle de science et de fer », croit fermement en l’amélioration de la société et de l’être humain grâce au progrès technologique. L’idée de la vitesse — presque celle de « la glisse » et des sensations fortes — est aussi prépondérante : le vélo permet presque d’atteindre l’allure d’un cheval au galop, et ce en s’appuyant uniquement sur de l’énergie humaine.

CPT.com

10/2022

Source ADN

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