PBP 2011: Thierry Saint Leger sur les traces de Charles Terront!

Une certaine lenteur, cachée par une vitesse excessive de pédalage sur ce PBP 2011. Je prends la sage décision de partir dans le dernier paquet à 19h30, mais que ce fut long pour atteindre le départ. Un peu de tension et de nervosité sur la ligne, nous sommes un peloton de 400 riders. Il faut éviter la chute donc je me laisse glisser en queue des quadragêneurs qui me précédent.

Cela va s’estomper dans quelques miles, Il me faut plus de vigilance que mes voisins du peloton. L’expérience de mes cyclosportives en fixie est bénéfique. Le calme revenu, je suis fin prêt pour l’aventure.

Je n’ai douté à aucun moment dans cette race, que ce soit sur le plan physique, psychique ou mental. Sur le cintre, une sacoche étanche, fait office de ravitaillement (rénutryl, eau de riz, soja, fruits), un sac à dos avec 2 cuissards, windstoper, manchette et du matos de réparation.

Les contrôles : très compliqués pour faire valider le carnet de route, les points d’eau, les toilettes et le médical, une vraie marée humaine qui déferle sur tout ce qui bouge. J’ai voulu manger chaud lors d’ un contrôle, erreur, 1h30 de perdue à attendre la gamelle, à ne pas réitérer.
Les nuits, certaines orageuses d’autres merveilleuses, je suis dans mon bocal. La météo capricieuse, pleureuse, étouffante et parfois d’une agréable douceur surprenante. Le cavalier aussi est passé dans des éta(gére) de lumière à l’obscur total. Il faut de la discipline pour ne pas céder à l’envie d’une halte, faut avancer pour oublier sa lenteur.
Mon but est d’ arriver à Brest non stop, cela c’est fait en 40h29 avec quelques problèmes mécaniques (saut de chaîne, pneu hs). Cela est rentré dans l’ordre sur le retour. Me voilà dans la rade, vite on pointe, 20 mn de roupillon sous la table de la salle à manger au chaud et Hop ! roule ma poule direction Paris.
Continuons dans cette spirale positive pour mon come back sur la capitale.
L’étape LOUDEAC-TINTINAC : aucune souvenance, l’asphalte, du velours, moteur plein régime, la tête dans le guidon, on fonce. Je crains le pire pour la 4ème nuit à MORTAGNE-AU-PERCHE. Vers 23h un coup de biniou de MAUD et REGINE pour leur donner ma position exacte, mon état physique, psychique et mental, quel plaisir d’avoir au bout du fil mes amours tous les soirs, cela réconforte pour les kilométres restant.
DREUX au bout du cintre à 4h du mat, direction MONFORT-L’AMAURY pas facile l’étape, puis ST QUENTIN EN YVELINES au bout de ce chaos de métal roulant, sera la délivrance de 85 h 19 mns en fixie.
Assis sur le cadre du vélo sous le regard du feu rouge, mes pensées vagabondent entre la folie et la sagesse d’avoir accompli un truc de fada, car il n’ en manque pas des fadas, vélo couchés, singlespeed, vélo d’époque, trike, tandem, carénés, propulsion à la force des bras, toute une panoplie hétéroclite de nomades de la gomme qui n’ont qu’un but (finisher) ce PBP.
Sur les 1236km, encouragement des cyclopèdes et spectateurs, stupéfaits, souriant, hurlant, tapant, poussant des cris et moi, ma bicyclette, un bon stimulateur pour avancer dans cette galère. Mon pot FRED sur son trike couché pesant 2 tonnes a dû vociférer des choses pas triste sur le parcours (super mon FREDO).

Puis vint la satisfaction de finir en bonne santé, douleurs, courbatures bénignes. La récompense de l’épuisement, une bonne petite dose de drogue douce, légale, gratuite, bienfaisante, solitaire, silencieuse auto-produite par notre corps. (avec modération pour notre santé). Je commence à postillonner en fin de page, ce PBP 2011 était pour fêter les 20 ans de MAUD née le 1.8. 91.

Le premier PBP a eu lieu il y a 120 ans, en 1891 ce fut CHARLES TERRONT vainqueur en pignon fixe 42/17.

 

Thierry Saint Léger

Le JDC.

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12/2011
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