Marko Baloh, le Slovène.
Q.1- Marko, peux tu nous raconter ta trajectoire personnelle dans le cyclisme de compétition et particulièrement dans l’Ultra Distance?
R.1- J’ai commencé le vélo assez tard à 18 ans, mais je me suis tout de suite spécialisé dans les épreuves contre la montre et je suis rapidement devenu un des meilleurs pour ce genre d’épreuve en Slovénie et Yougoslavie, j’ai été membre de l’équipe nationale entre 1990 et 1995 et j’ai participé à 3 championnats du monde durant cette période, j’ai gagné 5 titres nationaux en poursuite individuelle (Slovénie et Yougoslavie), une de mes attitudes de course préférées est de tenter les longues échappées solitaires, j’ai ainsi gagné un certain nombre de courses sur route, mais je fus également souvent repris non loin de l’arrivée.
J’ai tout d’abord entendu parlé de l’Ultra Cycling au début des années 90 lorsque Spillauer fut le premier européen à remporter la RAAM, j’ai toujours gardé ceci en mémoire mais ce type d’épreuve n’était pas compatible avec ma carrière de pistard et de routier, donc lorsque j’ai cessé le cyclisme de compétition de haut niveau en 2000, je me suis tout de suite tourné vers l’Ultra Distance, naturellement les records des 12 et 24 h m’ont tout de suite attiré et je suis très heureux d’avoir réussi cette tentative des 12 h et des 200 miles en août 2002, bien qu’incapable de dénicher le moindre sponsor car la presse sportive avait présenté mon goût pour l’Ultra Distance comme le chant du cygne d’un sportif vieillissant.
Q.2- Parles nous de ces records…
R.2- Comme je te le disais, les difficultés financières de ne pas avoir pu rassembler de sponsors m’ont motivé encore plus, je me sentais en grande forme à la fin de l’été et j’ai alors demandé à mes amis de m’aider, en premier lieu Reinhard Schroeder, Fredi Virag et le commissaire UCI Branko Ralijan, m’ont assisté dans ma tentative et encouragé à réussir. Ce fut cependant l’un des plus grands défis de ma carrière sportive et j’ai respecté mon tableau de marche, fort heureusement le vent était presque inexistant et je dois dire qu’après 5 à 6 heures j’ai commencé a croire que ce pourrait être possible, j’ai terminé les dernières heures à 37/38 km/h, mes amis et ma famille m’ont littéralement porté et j’ai réussi, alors la presse a parlé de ce record, quelques sponsors se sont manifestés et j’ai ainsi pu aller disputer le championnat UMCA des 24 h en Iowa, ou je termine second derrière Clavadetscher.
Q.3- Tu as gagné les épreuves européennes les plus importantes (excepté la RATA où tu termines 2ème dans des conditions particulières) et maintenant tu vas aller disputer la RAAM en 2003, quel est ton secret espoir?
R.3- J’ai bien sur beaucoup de regrets à propos de la RATA, j’étais en très grande forme et je comptais bien gagner, nous étions très près l’un de l’autre avec Lindner qu lui aussi était en très grande forme,mais je pense que je possédais un avantage psychologique, alors il y a eu une erreur de parcours due à un mauvais fléchage de la part de l’organisateur et cela a compromis ma possible victoire, c’est dommage car cette course est magnifique et par ailleurs parfaitement bien organisée avec un public incroyable.
Concernant la RAAM, c’est tout d’abord un rêve, donc en premier lieu je souhaite terminer et prendre le plaisir maximum à participer. Puis voici mes espoirs secrets.
– Moins de 9 jours.
– Le record du Rookie (8 j 14 h par Fashing).
– Pourquoi pas l’impossible!…
Q.4- Aux U.S.A, existe un réel calendrier de l’Ultra Distance, beaucoup de spécialistes, une fédération et des sponsors, en Europe cette pratique est encore récente, penses-tu que l’Ultra Distance puisse se développer dans le futur et peux tu comparer les organisations américaines et européennes?
R.4- Je l’espère et je le pense également, on remarque que des épreuves nouvelles apparaissent chaque année et nous avons en Europe des cyclistes de talent qui pourraient trouver avec l’Ultra Distance un terrain d’expression idéal, le plus difficile sera de faire évoluer certaines mentalités et de trouver les énergies nécessaires pour structurer et l’argent pour organiser.
Pour les courses américaines, je ne connais que les 24 h de l’Iowa qui est parfaitement bien organisée, mais il n’y a pas de public hormis les organisateurs et les accompagnateurs, par contre, une épreuve comme la RATA est superbe avec des milliers de spectateurs mais aussi quelques imperfections qu’on ne trouve pas aux U.S.A, notamment à propos de l’assistance des participants.
Q.5- L’Ultra distance semble donc être plus accessible pour les Européens ces dernières années avec les victoires successives de Fasching et de Clavadetscher à la RAAM, que penses tu de ces 2 champions?
R.5- A vrai dire, je ne les connais pas parfaitement bien, j’ai parlé avec Wolfgang dans certaines courses, il est très réservé je dirais même peu communicatif mais il est très concentré et c’est un grand professionnel, lui il n’a pas trop de soucis pour rassembler les sponsors. Quant à Clavadetscher je l’aime bien, nous avons parlé en Iowa, je le trouve vraiment très sympathique.
Ceci dit j’espère bien un jour pouvoir les battre tous les deux et si cela pouvait se passer à la RAAM ce serait bien sur un des mes rêves les plus fous.
JDC- Merci Marko…Tu peux compter sur nous pour t’encourager en juin prochain.
M.B- Merci à toi, je voudrais également dire toute ma reconnaissance à mes amis et ma famille sans lesquels l’Ultra Distance ne serait pour moi qu’un sport impossible.
Le JDC 01/2003. Droits réservés