Le RPE 2004: A la découverte d’un nouvel espace!

La détente et la bonne humeur étaient bien de circonstance, au départ de Saint Rémy de Provence ce vendredi 21 mai.
Une remise honorifique a permis une nouvelle rencontre entre Alain Prost et Wolfgang Fasching, agrémentée par le sourire de Corinne Favre.
Le RPE partait sur des bases conviviales qui ne se démentiront pas tout au long de l’épreuve. Ultime préparation pour Fasching en route pour la Race Across America, objectif majeur pour les spécialistes Français, challenge inédit pour les nombreux participants européens, mais aussi découverte pour quelques aventuriers prêts à affronter un gigantesque défi, le RPE 2004 partait à 11 heures sur des bases très élevées.


A la prise des véhicules d’assistance au pied du Col de Murs, l’ambiance au sein du peloton compact était à la concentration plus qu’au défoulement.
Tout explosa très vite, immédiatement éparpillés les concurrents cherchent et trouvent leurs marques, vitesse de croisière et comportements adaptés.

Avalées par les premiers, les pentes de Murs et de la Ligne ont mis une pression intense sur les épaules des challengers , alors qu’un fléchage inconsidéré marqué  » R « , précipitait la majeure partie des favoris sur une fausse piste, l’élégant Thierry Moiroux appuyant très fort sur ses pédales affrontait déjà les premières pentes de la Nesque et un vent de face sur près de 30 km.
Fausse route et espoirs envolés, le pointage de Malaucène renversait la tendance.
Thierry était alors réintégré dans ses espoirs légitimes sur les pentes du Ventoux, mais le ressort nous a semblé cassé, l’homme devait se reprendre…L’affaire sera jugée plus tard…

Devant les Autrichiens sonnaient la charge, le réveil du King faisait très mal à toute la troupe, Wolfgang commençait alors son numéro, quand l’ami Dieter Kleiser cassait !

Valentin Zeller nous a donné l ‘impression de pouvoir résister jusqu’aux routes de la Drôme Provençale, inondées d’un soleil couchant impressionniste, ce ne fut qu’une illusion, en effet les premières pentes de la sublime Montagne de Lure nous ont permis de classifier les prétendants à leur rang de vassal.
Zeller fort et déterminé, Moiroux la classe, touché par sa mésaventure mais pas coulé, Briand et Boursette engagés dans un numéro de duettistes qui se prolongera, Deplaix et Pechallat solides, qui fixent la route sans sourciller, l’inédit Pauthier et Perzo volontaire en diable accompagnés par un De Angeli appliqué, le jeune Suisse Zahno encore un peu tendre pour l’aventure, montèrent alors dans cet ordre jusqu ‘au sommet de Lure, montagne sacrée d’un RPE de feu.
Forcalquier, Le Plateau de Valensolle, Moustiers Sainte Marie, belle de nuit, La montée sur le Verdon et l’arrivée à La Palud dans la première moitié de la nuit, furent autant de clichés où l’effort des solitaires nous apparut comme un retour aux temps ancestraux du sport cycliste, quand la force et la volonté étaient les moteurs de ce sport noble et généreux.
Pendant ce temps- là, Corinne roule aussi !

Deplaix range les gaules, De Angeli ne supporte plus le sucré, le petit Zahno a déjà bâché depuis longtemps, derrière une débandade est en cours !…
Miramon, Crouzet, Velez, Mueller, Colombo et l’incroyable Reinhard Schroeder, véritable cycliste cosmique, forment le milieu du tableau dans un Verdon sombre et odorant.
On attend des nouvelles des autres, Weller est out, tout comme Miens et Dextre, ils reviendront l’année prochaine…
Corinne avance !

Pont de soleils au milieu de la nuit, le château illuminé de Trigance et les chevreuils de la Corniche Sublime n’ont pas changé la donne, les positions se sont stabilisées et les écarts se sont accentués.
La maîtrise de Fasching est hallucinante, on parle de records et de performance historique.

Aiguines sonne la fin des tourments et des tournants, la nuit s’intensifie pour certains quand le jour pointe pour les autres , nous vivons un scénario idéal.
Laurent Boursette est plié au pied du château, Briand ne peut plus se passer de lui, c’est simple et pathétique.
Valentin vs Thierry, le match est incertain, la tension monte !
Alain Miramon et Claude Perzo auraient loupé Trigance, il tourneront à Comps, après tout qu’importe quand 20 km en plus, vous permettent d’éviter un mur de 4 bornes à 14%…
On ne parle plus de Fasching ou plutôt, on ne parle que de lui, il est très loin devant.
Et loin derrière Corinne est toujours sur la route !

Aups, Varages, Rians, Jouques et le Puy Sainte Réparade, la plaine est violente, cette nuit là s’allonge et n’en finit jamais, Wolfgang avale les kms, grimpe la redoutable côte de Sainte Anne sur 36 x 23, assis sur la selle, descend sur Lambesc, tourne sur Vernègues, engloutit Eyguières , Roquemartine, et Eygalières et franchit la ligne d’arrivée à Saint Rémy de Povence à 7 h 34 le samedi 22 mai.

628 km , 8950 m de dénivellé (données vérifiées) en 19 heures 54 minutes et 36 secondes, à une moyenne horaire de près de 32 km/h!…

Zeller et Moiroux restent dans un mouchoir après un combat pathétique. (Voir additif « Decision des Commissaires)
Corinne Favre a parcouru la distance en 30 heures 1 minute et 40 secondes.

« Je n’ai pas d ‘états d’âme, je m’intitule  » Cycliste de toujours « , depuis quelques années et ma propre découverte du Cyclisme Ultra Distance, je persiste à croire que cette pratique, si intense et particulière soit-elle, détient les clés d’une symbolique immortelle, celle d’un sport cycliste divin, comme un symbole de l’endurance et du dépassement de soi. »

Merci à Sports Loisirs Culture Saint Rémy de Provence, A.C Carpentras, E.P Manosque.
Spéciale dédicace à Jean Michel Hurter, Alain Bernard, Raymonde Laguna, Bernard Siguenza, Francis Quattro et Gérard Hote et à tous les amis qui ont participé à l’aventure.

Salut à tous et à l’année prochaine !

 

Le JDC. 05/2004.

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Photos: Stuart/Picture2wheels.