Le Monde est une piste cyclable: Pierre Bouchard et Jannick Lemieux raccrochent leurs vélos!

velo conceptRetour sur l’histoire de la rencontre de ces deux aventuriers de l’Abitibi qui ont parcouru près de 200000 kms en vélo dans le monde entier, dont le périple extraordinaire du Cercle de feu du Pacifique, pendant près de 10 ans.
Pierre Bouchard et Jannick Lemieux, viennent de mettre un terme à leurs aventures cyclistes.

Par Géo Plein Air Droits réservés.

Pierre Bouchard a une forme olympique et un enthousiasme à rallier les plus sceptiques. Si vous l’interrogez sur la nature de sa profession, il vous répondra, dans un demi-sourire: «Je voyage et je vais au-devant des gens.» Que ce soit chez les Navajos d’Arizona ou chez les paysans de Gobi, Pierre finit toujours par passer plus de temps que prévu avec l’habitant. «Mes voyages, c’est une histoire de rencontres. C’est essentiel.» Remarquez, on a beau être nombreux à partager le goût de l’aventure, à affirmer haut et fort que le monde est petit, à penser que l’effort physique trouve dans la passion la meilleure des sources énergétiques, on est quand même peu nombreux à traverser l’Himalaya ou la Sibérie à bicyclette…

Durant son enfance, rien ne prédestine Pierre Bouchard à cette vie de nomade sur deux roues. Pas de potion magique, pas d’atavisme, encore moins de pression familiale. Rien de plus que la petite vie de banlieue à Loretteville, des parents professionnels, le hockey, quatre années universitaires en philo… Beaucoup de lecture aussi, mais surtout l’envie de vivre intensément. Dès l’âge de 18 ans, il adopte le voyage estival comme forme de ressourcement. Entre deux sessions universitaires en philosophie, l’étudiant apprend la vie sur des chemins de traverse qui le conduisent tout naturellement à parcourir le Canada et l’Europe au complet.

C Y C L O G R A P H I E
1-L’initiation: Québec/Miami
(mai à août 1989).
Pierre Bouchard solo. Dernière ‘vacance d’étudiant’.

2-Boucle en Amérique du nord: Québec/Québec
(mai 1990 à novembre 1992).
Pierre Bouchard et Steve Bellemare alias ‘les Frères Velcro’.

3-Saga nord-européenne: Hautes Alpes/Hautes Alpes via l’Islande
(avril à novembre 1993).
Pierre Bouchard et Steve Bellemare alias ‘les Frères Velcro’.

4-La grande traversée:
Hautes Alpes/Lac Baïkal
(avril à octobre 1994).
Pierre Bouchard et Steve Bellemare alias ‘les Frères Velcro’.

5-La Chine interdite: Pékin/Chongqing
(mai à août 1995).
Pierre Bouchard et Steve Bellemare alias ‘les Frères Velcro’. Terme de l’association entre les deux voyageurs.

6-Sud-est asiatique: Hong Kong/Singapore
(janvier à juin 1996).
Pierre Bouchard solo.

7-Chez les Kiwis: Nouvelle-Zélande
(juillet à novembre 1996).
Pierre Bouchard solo. Janick Lemieux y passe 2 mois et s’initie au voyage à vélo.

8-Raccourci vers la plage:
Magadan, Russie/Puri, Inde
(mai 1997 à février 1998).
Pierre Bouchard et Janick Lemieux.

9-Cercle de feu du Pacifique. Étape 1:
Vancouver, B.C./Santiago de Chile
(mai 1999 à juin 2001).
Pierre Bouchard et Janick Lemieux.

10-Cercle de feu du Pacifique. Étape 2:
Santiago de Chile/Jakarta, Indonésie
(octobre 2002 à décembre 2003). Pierre Bouchard et Janick Lemieux.

Suivront une multitude de voyages et de reportages sur tous les volcans du Pacifique, jusqu’en 2010!…

Très vite, le vélo s’impose comme le moyen le plus commode pour le mener à bon port. Il est léger, économique et en mesure de le conduire hors des sentiers battus, près des gens. Pas de route toute tracée, pas de rails sans arrêt, pas de vol sans escale. La bicyclette se faufile partout, sur les surfaces les plus extrêmes, au creux des paysages les plus reculés, jusqu’au sommet des montagnes les plus abruptes.

Le vélo lui confère la liberté physique de repousser les limites dictées par des itinéraires emprisonnants. Peu à peu, ses deux roues le conduisent un peu plus loin, un peu plus longtemps. Il ne faudra pas beaucoup de temps à cet esprit libre pour prolonger un peu l’été, mordre du printemps à l’automne un peu plus chaque année, jusqu’à ce que, finalement, s’impose l’évidence : la vraie vie est faite d’aventures, de rencontres et d’errance à travers le vaste monde.

En 1992, à Whistler, Pierre Bouchard rencontre Janick Lemieux. Celle-ci deviendra sa compagne de vie et d’aventure. C’est vrai que Janick démontre déjà, pour le voyage, certaines dispositions qui n’ont rien à envier à la témérité de Pierre. Partie du Québec à 23 ans en Australie «pour voyager» avec en poche un holiday work visa, elle retrouve Pierre au hasard de leur route et la décision est prise dès l’automne. Ils vivront ensemble, mais pas comme tout le monde. Au mois de mai 1997, ils choisiront de faire route commune, à travers le monde.

Mais il y a une sceptique dans la salle: Janick elle-même! Malgré ses aptitudes pour l’aventure, elle n’a jamais encore réalisé une expédition semblable. «Jamais je ne me serais crue capable de faire ça. Je voyageais, mais je n’étais pas athlétique», avoue-t-elle sans détour. Mais le défi personnel est aussi une histoire d’amour.

Depuis plusieurs mois, leur liaison, ils la vivent par correspondance. Et quand Pierre lui propose le monde comme lieu d’existence, Janick hésite. «Tu ne débarques pas facilement dans la vie d’un être aussi indépendant.» C’est qu’elle se sent intimidée par monsieur Vélo en personne, par sa liberté, par son audace. Mais il l’encourage, il croit en ses capacités. «Si tu as la détermination, la forme physique va se bâtir au fur et à mesure que tu pédales», lui dit Pierre le plus simplement du monde.

Le 15 mai 1997, c’est le grand départ. Une escale de deux jours en Alaska, puis, direction Sibérie. En la survolant, ils découvrent un paysage neigeux, un décor de glace. «Une chance que c’est pas là qu’on atterrit!» L’avion prépare son atterrissage ; la route à prendre sera bel et bien enneigée. «C’est la piste idéale pour une initiation!» lance Janick l’optimiste. Le petit aéroport de fortune, des montagnes blanches en arrière-plan, une dizaine de passagers – des hommes d’affaires nord-américains – qui les regardent comme on observe des extraterrestres, avec un il d’anthropologue, à essayer de comprendre ce qu’ils ont en tête, ces deux jeunes sympathiques, certainement des cinglés… À ce moment-là, Pierre se pose de sérieuses questions. « Ça passe ou ça casse, jusqu’à Iakutsk!»

La dimension de la planète est chose relative. Pour les uns, le monde est déjà trop vaste à embrasser du regard. Pour d’autres, comme Pierre, il n’est fait que de routes, et, avec beaucoup de passion, une bonne dose de courage et de témérité , rares sont les routes du monde qui nous restent défendues…

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