Le Défi des Bauges, 29, 30 Juin 2023, La Motte Servolex ( Savoie): Le double défi!

D’une de ces rencontres improbables en novembre 2022 au salon du chiot de Chambéry entre Vincent HURSTEL, vétérinaire et vice-président actif de Green-Cycling et Marion SICOT, ancienne cycliste professionnelle qui tente de se reconstruire après son histoire que l’on peut découvrir dans son livre « Harcélée, Dopée, mais de Retour », est né un double défi.

Défi sportif en effectuant un parcours inédit dans le massif des Bauges en Savoie, un circuit empruntant tous les cols routiers des Bauges, il y en a huit, soit 232 kilomètres pour 4400 mètres de dénivelé à 24 km/h de moyenne.

Défi humain et empathique de rappeler en quoi le vélo, le cyclisme, ses femmes et ses hommes, ont marqué la petite histoire de l’humanité, de la légende des forçats de la route aux fameuses « affaires » sans oublier le cyclisme loisir, le vélotaf et globalement le sport santé. Car Green Cycling est très attaché à ce pilier fondamental qu’est le sport pour la santé, et à la valorisation du cyclisme qui se montre actuellement en grandes difficultés, cyclisme féminin en particulier, même si le vélo est à la mode.

Or peu de gens savent en France que la commune de la Motte-Servolex, la quatrième commune de Savoie en nombre d’habitants, est sans doute une des communes les plus actives en matière de cyclisme. Les illustrations sont nombreuses mais, en bref, rappelons que l’équipe de Vincent LAVENU, AG2R Citroën, ex Chazal puis Casino, est domiciliée à la Motte-Servolex depuis plus de 30 années. Que le Chambéry Cyclisme Formation mené de main de maître par Loïc VARNET et une équipe de passionnés est « de l’autre côté de la rue » et que nombre de jeunes cyclistes logent sur la commune. Que de très talentueux cyclistes professionnels, dont certains ont eu des destins compliqués et d’autres sont actuellement dans le circuit Pro-Tour et même engagés sur le Tour de France sont de la commune ; citons pour les connaisseurs Patrice SULPICE, Gilles DELION, Simon GUGLIELMI, ou Rémy ROCHAS par exemple. Sans oublier tous ces anonymes qui ont nourri leur passion autour de la ville. La Motte-Servolex a donc accueilli une conférence le vendredi 30 juin organisée autour de cette histoire, de ces rencontres et de l’aventure de Marion SICOT. Le maire de la commune Luc BERTHOUD qui était l’hôte de la soirée a découvert une facette d’un monde qu’il fréquente quotidiennement, mais dont il ne connaissait pas tous les mystères et les non-dits. Au sortir de la soirée, il nous a avoué avoir pris comme un grand coup de poing dans le ventre tant les histoires vécues et évoquées étaient fortes.

Du sport certes, mais des vies humaines étaient en jeu et les amis de Marion qui étaient à ses côtés, Merryl VUAILLET et Vincent MARTINS ont réussi à faire passer ce message que la mort ne devrait jamais être une réponse à proposer devant les ravages des rumeurs, opinions publiques et autres mésestimes de soi. La soirée a d’ailleurs commencé par un tel moment d’émotion que les 4 intervenants du soir ont dû se mettre un moment sur pause, laisser passer cette émotion, et verser quelques larmes avant de repartir de plus belle.

Car les « absents » ont été très « présents » lors de cette soirée.

Les absents excusés comme nombre de cyclistes, y compris Bernard THEVENET qui était au Grand Départ du Tour de France. Les absents par force du destin puisque disparus depuis quelques années. Mais aussi les absents volontaires comme tous les cyclistes de ces « milieux officiels ». Il y a deux camps sur notre commune, comme sans doute ailleurs, ceux qui auraient triché et ceux qui seraient les « purs ». Et si on peut comprendre qu’il est compliqué de s’ouvrir comme le fait Marion pour se reconstruire, il est difficile d’accepter que des personnes qui connaissent très bien le sujet, préfèrent le non-dit, cette forme d’omerta qui pour eux semble être une réponse. Comment un problème, de sport certes, mais aussi de société qui engage la santé et même la vie humaine pourrait-il être résolu dans le silence ? Qui a intérêt à ne « pas dire » ? Pourquoi ? En quoi et pourquoi Marion SICOT serait un être humain à bannir de la société comme elle l’est depuis bientôt 4 ans ? Est-elle contagieuse ? Et tous les absents du soir, connaissent-ils vraiment l’histoire de cette athlète attachante, une histoire qui remonte sans doute aux mois qui ont précédé sa naissance ? Qui peut juger et avec quelles connaissances ? Des ragots ? Des rumeurs ?

Le seul bémol de ces deux jours magnifiques proposés en Savoie a été ce phénomène d’une forme de boycott annoncé qui n’a pas grandi les passionnés de Savoie absents. Car des cyclistes passionnés de Savoie et même venus de loin (de Moselle et du pays d’Arles !) il y en avait, et tous ont été révoltés par cette façon de refuser d’affronter des vérités.

Bien sûr il n’est pas notre intention de mettre en cause telle ou telle personne, la bienveillance est dans notre « camp », les amitiés et notre façon d’affronter la vie nous laissent cependant ouvrir notre cœur en rappelant que si nous sommes révoltés par telle ou telle cause, soit nous agissons, d’abord avec la parole, pour tenter d’y remédier. Soit nous nous taisons et alors nous ne faisons rien pour le résoudre, une forme de complicité. Et les jeunes dans tout ça !

Et il faut ici souligner que le groupe dVélos, dont l’origine a débuté dans un petit magasin de la Motte-Servolex a accompagné les organisateurs dans cette aventure, peut-être utopique. La présence de Simon MELIN a finalement été un signe fort d’engagement du groupe pour le développement du vélo, par et pour des passionnés. Un grand merci à lui en cette période où l’activité dans ses magasins est très importantes. Ses questions ont été très justes et honnêtes.

Et puis ce vélo, cette réplique du vélo d’Eddy MERCKX ! Il a fait sensation, tout un symbole !

Rappelons-nous de ZARATHOUSTRA, et de son  » Bien penser, bien parler, bien agir ». Trop oublient le « bien parler ».

Quand aux autres intervenants de la soirée, ils ont apporté leur contribution à sa réussite. Comme avec la prise de parole d’Amandine COLLOMB, ou en vidéo avec Salvatore LOMBARDO, Président du magazine Top Vélo, partenaire de la soirée, Richard VIRENQUE, qui a offert un maillot dédicacé (et oui, l’affaire FESTINA, et cette grève des cyclises sur les routes du Tour de France au Mont Revard ! Pile 25 ans). Pour l’aspect évoqué au travers de la Nouvelle-Calédonie, car l’association la Passerelle du Lac au Lagon a été une pièce du puzzle de la soirée, c’est Gérard PASCO qui a envoyé un petit message depuis le Parc des Grandes Fougères de Farino. Et c’est la double championne du monde d’Adventure Race, championne du monde Spartan Race et sportive de haut-niveau depuis 28 ans MIMI (Myriam GUYOT) qui sait ce que sport et santé signifient qui a fait une belle intervention vidéo pour rappeler quelques bases à propos du respect de nos vies, de nos corps et de l’environnement.

Ce fût donc une magnifique soirée et une mise en jambes pour le Défi des Bauges qui était proposé par Marion et Vincent le lendemain matin.

Ce samedi premier juillet n’était donc pas que le jour du départ du Tour de France, mais aussi celui du défi pensé par Vincent HURSTEL, et relevé par Marion SICOT au départ du Bourget-du-Lac, notre autre commune de cœur. Nicolas MERCAT, est le maire de la commune bien connu dans le monde du vélo, côté infrastructures, sécurité, développement de la pratique pour tous. Nicolas MERCAT est sans doute un des meilleurs spécialistes du pays et il avait insisté pour que ce défi voit son départ et son arrivée sur la commune. Ce qui a défini un parcours de 232 kilomètres au travers des Bauges en passant dans l’ordre par les cols de la Cluse (Mont Revard), de Plainpalais, des Prés, du Marocaz, de Tamié, de Leschaux, du Frêne, sans oublier ce dernier petit col de Saint Saturnin pour faire le plein et les 4400 mètres de dénivelée positive. Ce défi sportif avait fixé la barre haute de tenir une moyenne de 24 km/h. De ce fait les cyclistes qui ont osé accompagner Marion ont été rares, mais ils ont fait du chemin pour ça puisque que Arnaud est venu de Moselle, et Jérôme d’Arles pour accompagner Marion mais aussi la découvrir et la soutenir dans sa quête de reconstruction.

Et bien pari tenu. Partis à 6h30 du Bourget-du-Lac, les cyclistes ont réussi à relever ce défi en terminant la boucle en 9h33 soit à 24,3 km/h. Et ce malgré la pluie qui les a pris au col de Leschaux pour ne les quitter que vers Saint Pierre-d’Albigny. Une descente du col du Frêne sur route mouillée qu’il a fallu effectuer avec grande prudence. Ces conditions ont rajouté une peu de sel au défi, cette fameuse légende des forçats de la route. Marion, qui a été opérée en février d’une deuxième (et dernière) endofibrose de l’artère iliaque avait peu roulé depuis sa reprise, elle qui se tourne vers le triathlon pour ne pas stopper sa vie ce fameux jour du 18 juillet 2019, une date tatouée dans sa mémoire et sur son bras. Elle avait surtout couru et nagé depuis l’hiver dernier. Elle était ravie de sa bonne forme à la fin du périple.

Voilà que la page du livre d’un moment fort se tourne, mais d’autres pages vont encore s’écrire. Avec le secret espoir que les femmes et les hommes fassent plus et mieux de sport, mais aussi lisent plus de livres et ne restent pas figés dans leurs convictions. Ces convictions qui sont parfois le résultat du manque de connaissance de l’altérité, de la paresse toute naturelle de se remettre en question.

N’oublions pas les mots d’un autre écrivain reconnu, Paulo COEHLO : « les rumeurs sont transportées par des rageux, acceptées par les imbéciles, et se répandent par les idiots ».

CPT/Vincent

07/2023

Texte et photos VH

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