La RAAM 2005: Le journal de Patrick Autissier.

velo conceptPatrick Autissier est le premier Français à tenter l’aventure de la RAAM en formule Solo, un extraordinaire défi qu’il nous racontera au fil de son avancée sur les 4800 kms qui relient San Diego à Atlantic City.
Français vivant à Boston et intégré au mode de vie américain, il nous fait part de ses motivations et des objectifs qu’il poursuit en participant à cette aventure.
Nous le retrouverons régulièrement avec de nouvelles informations.

Boston, le 03 Juin 2005

Bonjour à tous,

Comme vous pouvez le voir sur la page d’accueil du site Internet de la RAAM, il ne reste plus que 16 jours avant le Grand jour. Inutile de vous dire que j’angoisse pas mal. Après tout, je m’apprête à participer à l’épreuve sportive la plus dure au monde. Vous pouvez me dire: “OK, mais tu l’as vraiment voulu, mon gars ! Et je vous répondrais: “Oui, mais quand même ! Mais, si j’en crois les vétérans de la RAAM, le plus dur est quasiment fait ! En effet, la préparation à la RAAM a peu de choses à voir avec le vélo, et beaucoup avec la recherche de sponsors, la logistique, trouver l’équipe adéquate, et en plus dans mon cas, la collecte de fonds. La course elle-même serait une “piece of cake”. J’ai quand même quelques doutes ! En tout cas, être sur la ligne de départ en bonne santé physique est déjà en soi une grande victoire.

Mon entraînement ces 2 derniers mois s’est bien passé, malgré un temps épouvantable sur Boston. J’ai roulé entre 300 et 650 Km par semaine, avec une longue sortie chaque week-end, allant de 100 Km au début jusqu’a 350 Km il y a 2 semaines. Ma vitesse moyenne pour ce dernier test était de 28 km/h. J’ai de bonnes sensations, et surtout ne suis pas blessé. Les vélos Decathlon avec lesquels je roule sont excellents. J’aurai 2 vélos (série 9.3) pour la RAAM : un spécifique pour la montagne (triple plateau, roues légères) pour le début de la course (Rocheuses) et la fin (Appalaches), et un pour la plaine (roues compétition, guidon triathlon). Joël, mécanicien vélo et cycliste passionné, aura en charge la maintenance des vélos. A partir de maintenant, je diminue l’entraînement pour ne faire des sorties que de 2 à 3 heures. Une de mes angoisses est la chaleur. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu un seul jour de grande chaleur à Boston, et donc je n’ai pas pu m’habituer à ces conditions pendant mon entrainement. Le problème est que le 1er jour de course, nous allons traverser le désert de Mojave, où il fait habituellement 40ºC. Il faudra donc être prudent, et ne pas aller trop vite. Cependant, en cas de déshydratation, Rob, le médecin de l’équipe, a tout prévu. Il va prendre dans ces bagages 18 litres de perfusion, juste au cas ou !

Tout ce projet n’aurait pas été possible sans l’aide des sponsors. Aujourd’hui, je voudrais vous en présenter 2 : Decathlon, que tous les français connaissent, m’a fourni les 2 vélos, l’équipement et les vêtements pour la course. La société s’est installé aux Etats-Unis il y a 4 ans, plus précisement autour de Boston. Après un début difficile, Decathlon commence à avoir un franc succès maintenant, et prévoit une extension dans un futur proche. Philippe Uzan, Directeur de Decathlon USA, n’a pas hésité une seconde (littéralement !) quand je lui ai demandé son aide. J’ai hâte de traverser les USA en roulant avec ces superbe vélos, et surtout d’arriver à Atlantic City, car il m’a promis d’être là pour m’accueillir. John Mc Clellan, un cycliste et un très bon ami, m’a mis en relation avec Mike Milligan, Président d’Axel Johnson Inc. Il a lui aussi tout de suite donné son accord pour un partenariat avec moi. Axel Johnson Inc. est une compagnie familiale crée en 1873 à Stockholm (Suède) par Axel Johnson. Avec un chiffre d’affaires de 7 milliards et plus de 15.000 employés à travers le monde, la compagnie a des intérêts dans le domaine de l’énergie, de l’environnement, de l’alimentation et des communications. La propriétaire de la compagnie, Antonia Ax:son Johnson et sa fille Caroline Berg, sont activement impliquées dans de nombreuses oeuvres caritatives suédoises, et en particulier supportent la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles. C’est pourquoi ce partenariat est logique et est très important pour elles.

Où en est le Fundraising ? A l’heure actuelle, nous avons récolté dans les 15.000 dollars. C’est évidemment très loin de mon but qui est de 2 millions de Dollars. Cela veut-il dire que ça ne valait pas le coup de le faire ? NON. Cela veut-il dire que c’est un échec ? NON. Il n’y a pas de petite donation, et toutes les opportunités pour faire prendre conscience aux gens de la nécessité d’un vaccin contre le SIDA doivent être prises. Chaque jour, comme vient de le rappeler Kofi Annan, 8000 personnes meurent du SIDA. Et la pire des choses seraient qu’ils meurent dans le silence. Le but de ce projet, à sa petite échelle, est de lutter contre ce silence, et aussi de récolter des fonds. Je me considère, comme probablement la plupart d’entre vous, comme quelqu’un de très chanceux. J’ai une famille fantastique, tout ce dont j’ai besoin pour vivre une belle vie. Et parfois, je me pose la question : et si j’étais né en Ouganda ? Et bien, je serais probablement décédé à l’heure actuelle (voir ésperance de vie et SIDA), et mes enfants seraient orphelins. Cette idée m’a motivé à faire ce projet, à convaincre les gens de m’aider, et à ne pas baisser les bras quand ça devenait difficile. Pour nous, chaque jour est un autre jour au paradis, mais quelque part, beaucoup de personnes vivent l’enfer.

Aidez-les!

Patrick