Didier Miranda: Cyclosportif militant.

Didier Miranda est un cyclosportif charismatique et militant reconnu de tous, fondateur de l’association la Charte du Cyclosport et animateur du Team Cyfac.

Les questions que nous lui avons posées font partie de la base de nos réflexions sur le devenir du cyclosport international. Didier connait fort bien la situation, ses réponses apportent une certaine clarté sur les préoccupations des pratiquants dans un contexte déstructuré.

Q1- Comment as-tu découvert le cyclosport, à quelle époque et que représente à tes yeux cette pratique sportive? R1- Par hasard : alors que je venais d’emménager près de Grenoble, je suis revenu disputer une dernière épreuve FFC avec mon club parisien. Après 8 années passées en 3ème caté à côtoyer des gars sans parfois même leur parler, je fais enfin à cette occasion la connaissance fortuite de Pascal JAMET qui à l’époque marchait fort sur les trophées d’or et qui me parle de ces épreuves qu’il préfère désormais aux coursettes. Une révélation pour moi qui commençait aussi à saturer, j’ai cédé à une invitation de sa part à venir m’amuser sur la prochaine du trophée. C’était la Marmotte : le début d’une histoire d’amour! J’ai trouvé là ce que je cherchais dans le vélo, l’occasion de sortir de la routine, d’attaquer de beaux défis dans des parcours exigeants, d’avoir le temps de faire connaissance à l’arrivée, de fréquenter des gens d’autres horizons, le tout en restant dans une véritable ambiance de compétition sportive, mais conviviale ! Une compétition qui sait aussi garder son côté humain.

Q2- Tu es l’instigateur du mouvement et fondateur de l’association La Charte du Cyclosport, quelles sont les motivations qui ont conduit cette initiative et ton engagement personnel? R2-Les raisons, on pouvait les trouver dans le préambule à La charte qui expliquait pourquoi notre démarche : En deux ans de cyclosportives, je m’étais fait plus de potes qu’en huit de FFC,connu plus d’émotions, partagé plus de plaisir, croisé des pros, des vedettes, des anonymes délirants, surprenants ou attachants, mais toujours en pratiquant la compétition ! Or je suis persuadé que cette symbiose et ses contacts profonds ne peuvent naître qu’au cours de belles galères, de celles qui vous soudent les hommes. On y réagit plus pareil, dans les grands efforts les fanfarons se calment, les authentiques apparaissent. Ce sont les grandes occasions qui forgent les beaux souvenirs pas les petites promenades. Or que commence t’on à voir ces dernières années? Raccourcissement des grands parcours, apparition de cyclosportives au rabais…. Tout le monde y va de sa cyclo, parce que c’est à la mode, voir rentable, mais sans toujours penser à en préserver l’esprit originel. Je veux bien que d’autres puissent aborder la pratique sous un jour différent mais je ne veux pas que cela fasse disparaître ou dénature le terrain de jeu qui nous a tant apporté, par soucis du gain, ou raison de facilité. Il y a de la place pour tout le monde !

Q3- Le cyclosport est en pleine évolution, certains fondements initiaux en semblent aujourd’hui désuets voire inexistants est-ce un bien ou un mal et comment perçois-tu le développement de la discipline? R3- Je pense qu’il faut se battre pour que ces fondements perdurent. Ce sont eux qui en font l’originalité, l’authenticité. L’essence du cyclosport est là. Qu’on mette des ponts pour faire venir d’autres pratiquants? Soit , IL faut que les organisateurs rentrent dans leurs frais, mais on doit maintenir la priorité sur les grands parcours, sur l’aspect réellement compétitif. Il faut draîner les nouveaux venus, à l’aide des petits parcours, vers les grands, pour inciter tout le monde à venir découvrir les plaisirs incomparables qu’ils procurent. On pourrait voir là une vision élitiste, mais elle est seulement dictée par l’enthousiasme que nous ont procuré ces rencontres exceptionnelles. Alors il faut peut-être imaginer un développement à deux étages du cyclosport, mais en prenant toujours comme moteur essentiel les grands parcours historiques. Ce sont eux qui préserveront l’esprit, cela paraît désuet, mais si cet état d’esprit disparaît, tout le monde un jour viendra à pleurer sur la nouvelle banalité qui se sera installée, la perte d’authenticité, la dérive vers un nouveau commerce du loisir sportif!

Q4- Quels sont les axes prioritaires de réflexion qui pourraient favoriser un développement durable et harmonieux du cyclosport? R4- Il faut justement que la discussion porte sur cette évolution à deux étages : Comment ouvrir les portes au plus grand nombre sans dévaluer les valeurs originelles. Peut-être faut-il aller vers une prise de conscience qu’il n’est pas possible de tout faire quand on parle de cyclosportive. Prendre conscience qu’on ne pourra pas éternellement multiplier le nombre des épreuves, car le nombre des pratiquants va se stabiliser. Mais qu’au contraire la survie de la discipline passe par une sélection plus rigoureuse basée sur un authentique cahier des charges et sur la qualité des prestations, pour aboutir à une réduction du nombre d’épreuves en allant vers les fiables présentant à la fois des garanties de sécurité, de prestations et d’état d’esprit. De là aussi la nécessité de sensibiliser les pouvoirs publics et les instances sportives pour faire une place correcte et bien définie au cyclosport.

Q5- Le team Cyfac est un autre exemple de ton engagement personnel dans le but d’apporter un environnement structuré à un groupe de cyclosportifs homogène et performant, comment se poursuit cette aventure et quels sont vos objectifs a terme? R5- Continuer à s’amuser entre copains sans se prendre au sérieux! Essayer de montrer qu’on peut associer la performance et la bonne humeur, l’envie de compétition et de fair-play, de convivialité, faire partie du team demandera toujours en premier d’être de ceux qui respectent cet état d’esprit. Notre devise c’est un peu  » De la rigueur dans la fantaisie ! ». Maintenant on essaye de se structurer au mieux pour faciliter la pratique de notre passion qui n’est quand même pas donnée. Pour cela on a pris contact avec des partenaires avec qui on cherche à développer avant tout la fidélité. On est pas des pros, pas là pour se vendre au plus offrant. Nous sommes déjà bien heureux de trouver un soutien, ce qu’ils nous procurent on essaye de leur rendre par notre disponibilité, encore plus que par nos performances. Ce sont plus des contrats de confiance qu’autre chose. Sportivement on vise bien sûr un peu plus les belles épreuves de moyenne et haute montagne qui nous tiennent à coeur et notamment sur le Grand Trophée. C’est là que notre amitié est née ! Ca compte aussi!

P.F

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