Vélo pour tous et politiques cyclables: La Corse s’y met!…

L’excellente revue Vélo et territoires, publie dans son numéro de Novembre 2022, un article synthèse, avec interviews exclusives sur la situation et le développement de la pratique du vélo en Corse. Où il apparaît que « monter au village » à vélo entre dans le langage quotidien…

Entretien avec Flora Mattei – Conseillère exécutive de Corse, Présidente de l’Office des transports de la Corse.

  • À quoi tient le démarrage tardif de la Collectivité de Corse en matière cyclable ?

Historiquement, notre important retard est principalement dû à une sous-dotation chronique par rapport aux autres infrastructures. Depuis cinq ans, il y a une vraie volonté politique de rattraper cela. Cet effort se concrétise autour de deux axes : créer des réseaux cyclables structurants, d’une part, et résorber les discontinuités cyclables, d’autre part. Il est prévu d’intégrer un volet spécifique dans le Schéma routier de 2023. Qui plus est, avoir la compétence de gestionnaire de voirie permet à la collectivité de porter elle-même les projets qu’elle va être amenée à réaliser.

Voie verte de la Route des Sanguinaires - Ajaccio 1
Voie verte de la Route des Sanguinaires – Ajaccio ©Collectivité de Corse
  • Quelles sont les caractéristiques du territoire et quelles incidences ont-elles sur la mise en place de cette politique ?

Le paramètre du relief est particulièrement prégnant chez nous, en particulier à l’approche des communes du Cap Corse, qui est à la fois une zone côtière et un bras de montagne dans la mer Méditerranée. Cela nous renvoie précisément au statut d’île-montagne de la Corse et, de fait, demande de prendre en compte des facteurs comme le franchissement, la déclivité ou la topographie, auxquels il faut ajouter le fait qu’un tiers de nos résidents sont des séniors… L’approche touristique est du reste désormais challengée par la révolution que constituent les VAE, qui améliorent la décarbonation des transports et permettent le franchissement d’une altimétrie complète. Côté climat, nous sommes également à part avec des hivers froids et des étés particulièrement chauds. Cela influe sur le choix du revêtement. Enfin, culturellement, il faut bien comprendre l’attachement très fort que nous avons en Corse à nos villages et à l’importance de ces mobilités dans l’analyse de nos déplacements hebdomadaires. « Monter au village », cela ne s’invente pas. C’est toujours un moment sacré et, il faut l’avouer, un trajet qui, jusqu’ici, ne se faisait pas vraiment à vélo.

Comment s’arbitrent les éventuels conflits d’usagers ?

La cohabitation entre transports en commun, voitures thermiques, cyclistes et piétons est un enjeu quotidien. L’hiver dernier par exemple, le tunnel de Bastia a dû être fermé pour trois semaines pour des travaux de désamiantage de la chaussée. C’est un axe majeur qui voit passer en moyenne 33 000 véhicules par jour. Sa fermeture nous a fait craindre la montée d’un sentiment de panique de la part des usagers habitués à l’emprunter dans le cadre de leurs déplacements domicile-travail. Pour anticiper cela, nous avons mis en place un certain nombre de dispositifs en concertation avec la mairie et la communauté d’agglomération de Bastia, ainsi qu’avec de nombreux autres acteurs locaux. Ce temps d’échange, global à l’échelle de la micro-région, était d’autant plus crucial car qui dit – engorgement dit échauffement des esprits.

CPT.com

01/2023

Source Velo et territoires

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