Velib à la recherche de nouveaux abonnés.
Les Parisiens se lassent-ils de Vélib’ ?
La Mairie de Paris et JCDecaux sont convaincus du contraire, en dépit de la baisse sensible du nombre d’abonnés à l’année, passés de 200 000 en juillet 2008 à 160 000 ce printemps. Pour tenter d’inverser le mouvement, les équipes de la Ville et du spécialiste du mobilier urbain analysent en permanence le système et ses dysfonctionnements. Car c’est incontestable, Vélib’ coince. Parmi les points négatifs recensés par la Mairie de Paris figurent « la nécessité de simplifier les procédures de réabonnement et celle de diminuer le nombre de stations où les vélos ne sont pas rapportés », explique un porte-parole de la Ville.
Bien conscients des problèmes, la Mairie de Paris et JCDecaux ont signé dès la fin 2009 un avenant à leur contrat, entré en application au début de cette année. Un des principaux points porte sur la nécessité d’améliorer le service rendu, un niveau de prestation insatisfaisant étant une des quatre causes de désabonnement. La baisse du nombre d’abonnés est beaucoup plus préoccupante que celle des trajets effectués, purement saisonnière. Avec les beaux jours, Vélib’ espère retrouver ses utilisateurs occasionnels, dont beaucoup de touristes. En revanche, il faut trouver le moyen de fidéliser les Parisiens et de faire revenir les déçus du système.
# Régulation renforcée.
Désormais, JCDecaux est notamment intéressé financièrement à la qualité du remplissage et vidage des stations ainsi qu’à leur propreté. Plus question de laisser des cyclistes tourner en rond dans un quartier à la recherche d’une place libre dans une station, du moins en théorie. La régulation des stations est un véritable casse-tête. «Il n’est statistiquement pas possible de trouver un vélo ou une place dans 100% des cas, admet Albert Asseraf, directeur général Stratégie, études et marketing de JCDecaux. La régulation se fait naturellement dans près de 90% des cas.» Restent les 10 à 12% de vélos qu’il faut prendre en charge, transporter d’une station à l’autre pour que le matin, les cyclistes trouvent une monture près de chez eux, une place pour le garer à leur bureau. Et inversement le soir.
Pour tenter d’en corriger les défauts, le dispositif de régulation a été renforcé depuis le début de l’année. Vélib’ s’est doté de deux bus, capables de transporter 56 vélos chacun. Bien plus que les 20 vélos que véhicule chacun des vingt camions de Vélib’ (camions qui roulent au GPL, développement durable oblige). «La circulation parisienne ne permet pas de compenser plus que ce que nous faisons actuellement, concède Albert Asseraf. Sinon, il faudrait disposer de véhicules qui transportent des Vélib’ en permanence.» Ce qui économiquement n’aurait plus aucun sens.
Autre nouveauté, les vélos prennent aussi le bateau, en l’occurrence une péniche atelier sur laquelle sont réparés les vélos dégradés. Depuis la mise en place du système, en juillet2007, plus de 16000Vélib’ ont été dégradés dont la moitié ont dû être remplacés. Depuis la campagne d’affichage appelant au respect des Vélib’, le taux de dégradation semble avoir diminué, même si la Ville ne dispose pas de chiffre précis à ce sujet. Les vols de Vélib’ sont eux aussi en baisse. «En un an, les vols ont baissé d’un tiers. L’hiver particulièrement froid a contribué au déclin», ajoute Albert Asseraf. Car les vols, comme les dégradations de Vélib’ sont directement liés au taux d’utilisation. En effet, la plupart des Vélib’ qui disparaissent sont des vélos qui ont été mal raccrochés par l’utilisateur précédent. Ce qui a motivé une autre campagne de sensibilisation sur la marche à suivre pour bien garer son Vélib’ en station!
# 300 stations en banlieue proche.
En dépit des difficultés rencontrées par le système et d’un temps de rodage un peu plus long que prévu, Vélib’ a tout de même rencontré son public. Plus de 70millions de trajets ont été effectués, depuis la première mise en service en juillet2007. Aux beaux jours, 24000 Vélib’ sont mis à disposition – un peu moins pendant l’hiver – répartis sur 1450 stations parisiennes et 300 en très proche banlieue (29 communes dans un rayon de 1,5km autour de Paris). Après le creux de l’hiver, les promoteurs du système espèrent renouer très vite avec les 100000 trajets quotidiens.
Article: Elsa Bembaron
Le JDC. 03/2010