Ultravélo # 3: Rouler dans l’orage
Notre histoire est riche en exploits extraordinaires accomplis chaque jour par des héros ou des anonymes, exploits réalisés parfois avec comme seul bagage, le désir, une volonté indéniable et le besoin d’outrepasser l’injustice et les tragédies du monde actuel.
Quelques sports extrêmes ou spécifiques à l’endurance apportent ces possibilités de défi, des activités qui offrent aux hommes et aux femmes l’opportunité de se mesurer contre des conditions extrêmes et de tester leur force mentale.
L’alpinisme de haute montagne est l’activité reconnue dans le monde entier comme étant la plus risquée.
L’aventurier Anglais Jason Lewis, a traversé en Kayak léger entre l’Amérique du sud et les Iles Salomon. A deux jours de son but, il perdit le contrôle par manque d’eau, lorsqu’enfin il arriva en vue de son objectif, complètement déshydraté, les autorités portuaires le mirent en joue avec leurs armes, refusant de lui fournir eau et nourriture, mais il trouva néanmoins de l’aide provenant d’habitants charitables.
Cependant après coup il ressentit encore une certaine haine chez la population locale, mais il se dit toujours prêt à y retourner, même avec la menace d’un fusil sur la tête.
J’ai lu récemment une histoire à propos de ce Mr Lewis qui resta captif sur une île inhabitée, par des crocodiles de mer qui le pourchassaient sur terre!…
Bien que ces aventures soient retracées dans l’agenda des exploits inutiles et parfois incroyables, ces aventuriers ne recherchent aucunement à laisser leur trace, ils sont toujours prêts à répondre à l’appel du vent avec l’unique ambition d’aller toujours plus loin…
Quelques uns commencent leur quête dans le Cyclisme Ultra, sans parfois savoir jusqu’ou ils doivent ou ils peuvent aller.
Au début il s’agit souvent de se découvrir soi-même plutôt que de pratiquer le cyclisme.
D’autres vont plus vite, avec la force et le courage.
Benjamin Couturier de l’Alaska, prit part et réalisa la meilleure performance sur la Fireweed 400 (643 km) en moins de 22 heures à l’âge de 17 ans sur un vélo vieux de 30 ans, 2 ans plus tard il devint le plus jeune performer de tous les temps sur la RAAM.
La distance parcourue, n’est toutefois pas l’objectif ultime. Quand les coureurs de Marathon parlent de se “cogner dans le mur”, les Ultra Cyclistes ont eux, affaire à un cyclone.
Car, affronter les conditions météo, est parfois un obstacle qui nécessite un entrainement très spécial et sans cela les dégats peuvent être insurmontables et quand survient un “orage interne” le cycliste doit absolument le contrôler.
Pour être efficace, celui ci doit maitriser son énergie.
La douleur fait partie de ces facteurs indéniables dans la pratique du Cyclisme Ultra, parfois il la désire pour mieux la contrôler.
Le jeune Benjamin Couturier dit un jour” Je pense que les Walkmans, la musique, les ordinateurs et les cardio fréquence mètres sont des jouets destinés à vous faire oublier ce que vous faites, ces gadgets faussent le jeu, car parfois, ils vous font oublier la douleur”…
Le Slovene Jure Robic, probablement l’Ultra Cycliste actuel le plus performant, part dans une épreuve avec l’intention de se situer dans l’oil du Cyclone, il roule ainsi 36 heures ou plus sans le moindre sommeil, en attaendant l’heure où ils se situeront tous dans cette phase qui détermine l’ultra endurance.
Un autre exemple est celui d’ Allen Larsen, Américain de l’état de Washington, qui fut le meilleur “Rookie” sur la RAAM en 2002 et remporta l’épreuve en 2003 lors d’une carrière éclair!
Il est capable de rouler 36 à 48 heures sans arrêt afin de favoriser sa position en tête d’épreuve, une volonté incroyable!
En 2002 il participa a la RAAM avec une prothèse spéciale pour maintenir son cou fragilisé, ce qui lui a valu des reconnaissances très impressionantes.
Larsen abandonna le cyclisme Ultra en 2004, suite à un surentrainement physique et mental, il pourrait revenir en 2006 sur la RAAM.
La formule pour gérer une épreuve Utra est unique pour chacun des participants qui veut arriver au terme, il est parfois comme un avion, avec un réservoir vide de tout carburant au dessus de l’Océan, qui jette ses bagages pour aller plus loin!
C’est une espèce spéciale qui se déplace grâce à l’énergie mentale, le minimum d’espoir et le maximum de concentration, le Zen dans l’Ultra cyclisme!
Les ultras rencontrent des montagnes infranchissables, des déserts sans eau et leur progression doit se maintenir, la distance tient son rôle, à chaque instant tout probleme peut survenir, fatique intense, déshydratation, douleur insuportable, hallucinations et le temps, toujours imprévisible…
Seule l’énergie mentale leur permet de survivre.
Perry Stone.27 Février 2006.
Ultravélo. (Parution selon l’actualité.)
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Edition Française. Cyclisme-Ultra.com