Sécurité oblige (4) : Face au danger!
Ce commentaire tragique issu du bilan de l’ONISR appelle à une prise de conscience capitale.
…/… Les trois quarts des tués le sont sur une route gérée par un conseil départemental et 8 accidents sur 10 ont lieu hors intersection…
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nos routes sont devenues un véritable parcours du combattant pour les cyclistes dans un immense « stade vélodrome » très dangereux.
Comment ne pas mettre en parallèle un million de kilomètres ouvert aux cyclistes, 17 millions de pratiquants réguliers, près de 40 000 accidents cyclistes dont 222 décès et 2550 blessés graves ?
Il est utile de rappeler que ce « stade vélodrome » est de 370 000 km de routes départementales et 700 000 km de voies communales lesquels sont répartis en 343 000 km en agglomération et 736 000 km hors agglomération. (chiffres 2021)
Cette prise de conscience soulève deux questions cruciales dans l’immédiat :
- Est-il possible de créer à court ou moyen terme, un réseau totalement dédié à la mobilité douce pour protéger cyclistes et promeneurs sur 1 million de km ?
- Est-il envisageable en 5 ans de passer de 76 000 km à 100 000 km d’aménagements cyclables en 2030 avec le budget de 2 milliards d’euros du Plan Vélo 2023-2027 dans le contexte actuel de restriction budgétaire ?
Sans parler des contraintes techniques et avant d’affirmer « Bien sûr que OUI », ajoutons au raisonnement, le coût kilométrique constaté d’une voie cyclable séparée de la circulation.
Entre 250 000 et 1,8 million d’euros selon les différentes configurations locales. (4)
C’est exorbitant ! Et pour faire simple, c’est l’équivalent du budget d’investissement annuel d’une commune de 700 à 5 000 habitants.
Enfin, un autre paradoxe saisissant soulève le désarroi de tous les cyclistes. Une fois quitté l’aménagement cyclable « dit sécurisé » quelle qu’en soit sa configuration, le cycliste entre dans la « fosse aux lions » sur des routes à hauts risques. Avouons, c’est parfois angoissant !
Face à l’urgence d’agir tout de suite et en tenant compte des capacités financières des collectivités territoriales, existe-t-il des solutions simples et efficaces pour protéger les cyclistes et les autres usagers sur un million de kilomètres ?
Bien entendu, ces solutions existent, faciles à mettre en oeuvre à moindre coût, après une simple délibération d’un conseil municipal ou d’une collectivité territoriale.
Et surtout, par rapport à une signalisation classique, leur valeur ajoutée est flagrante puisqu‘elles font appel à la bienveillance et au respect mutuel plutôt qu’à l’injonction.
Conformes au code de la route, citons trois exemples en France.
- La campagne de communication à Chatou dans les Yvelines,
« À Vélo. Je respecte le code de la route » - Le dispositif de signalisation spécifique en Ille-et-Vilaine
« La Route se partage » - Le programme de signalisation Green Cycling à Locmaria Berrien et à Poullaouen dans le Finistère. « Merci-Sécurité oblige »
Ces moyens de signalisation, à la fois au sol et sous forme de panneaux rappellent l’importance de laisser une distance de sécurité de 1,5 m lors des dépassements.
Au-delà des règles élémentaires, les panneaux « La Route se partage » et « Merci-Sécurité oblige » se distinguent par l’originalité de leurs messages simples, forts et percutants.
Soulignons la pertinence du mot Merci.
Plus qu’une simple politesse, Merci est un levier psychologique puissant pour désamorcer les émotions négatives et favoriser un respect mutuel sur la route.
Enfin, précisons clairement que les coûts de ces dispositifs de prévention sont limités, comparés à ceux des aménagements cyclables.
À titre d’exemple, l’installation par la société de signalisation Hélios des panneaux « Merci-Sécurité oblige » à Poullaouen (29) a coûté moins de 20 000€ pour sécuriser plusieurs voies communales à la campagne.
Ainsi, sans freiner le développement des aménagements cyclables, serait-il possible d’envisager des solutions complémentaires qui agissent en priorité sur les comportements délétères des usagers puisque l’on sait de manière incontestable qu’ils sont au cœur du problème ?
Ce serait pourtant simple comme bonjour et Merci pourrait sauver des vies.
Qu’attendons-nous ?
CPT.com
02/2025
Dossier préparé par Rémi Madec et Roger Bordeau. Green Cycling.
Sources documentaires : Bilan 2023 et 2024 ONISR. Ministère d’aménagement du territoire. Vélos & Territoires. Bison fûté. FUB. Ouest France. Budget des communes.
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