Le Défi 47, Cyrille Guimard, un parrain engagé…
Le dynamique comité départemental du Lot et Garonne, animé par Catherine GASTOU omniprésente sur tous les fronts, organise les 14 et 15 Avrl 2018, un magnifique week-end de sport cycliste, avec la seconde édition du DEFI 47, Cyclosportive avec 3 parcours proposés au départ de la commune de Vianne, mais aussi la 23 ème édition du Tour du Lot et Garonne, le Dimanche 15 Avril, 174 kms entre Condom et Mezin, support de la première manche de la Coupe de France DN2.
Un beau week end de vélo, comme on les aime dans le Grand Sud Ouest.
Cyrille GUIMARD, sélectionneur de l’équipe de France, acteur et visionnaire du Cyclisme moderne, parrain de ces deux évènements, qui nous confirme par ailleurs qu’il sera bien présent sur son vélo au départ du DEFI 47, nous livre sans retenue dans cet entretien exclusif, sa vision sur le cyclisme Français et les activités Cyclosport et loisirs en 2018.
Cyrille, invité d’honneur de ce beau WE de vélo en Lot et Garonne…
1– Que t’inspire la situation actuelle du Cyclisme amateur traditionnel de compétition en France?
Quand on évoque le cyclisme de compétition il faut l’appréhender en trois parties.
La filière haut – niveau avec objectif…Devenir pro et en vivre, la compétition- loisir y compris les cyclo-sportives et ensuite rando et cyclo-tourisme.
Pour le Haut Niveau une évolution de fond est nécessaire pour être en phase avec les réalités d’aujourd’hui, pour mieux construire le cyclisme à partir de 2019 pour une meilleure lecture du public entre autres.
Pour la compétition- loisir et le loisir nous devons impérativement simplifier toutes nos procédures. Toutes ces catégories ne correspondent plus à ce que recherchent les pratiquants.
Nous avons 110 000 licenciés à la FFC, si nous retirons les dirigeants, encadrement, Haut Niveau H/F , il reste environ 50 000 pratiquants loisir !!!
Nous pouvons constater qu’il y a plus de 3 millions de cyclistes tous les weekends sur les routes de France. Arrêtons de nous prendre pour les plus beaux et reconnaissons nos échecs depuis des décennies. Une remise en cause de notre système est impérative. Ce n’est pas en rajoutant de nouvelles catégories et de nouvelles couleurs de licence que nous évoluerons.
Nous sommes une des plus vieilles fédérations avec le poids de l’inertie et les freins d’un conservatisme coupable. Je rappelle les chiffres 50000….3 000 000. Trouvons les évolutions nécessaires pour « donner envie d’avoir envie » de prendre une licence à la ffc ou autres fédérations. Regroupons ces différentes fédérations qui ont une activité vélo.
Réfléchissons ensemble à toutes les problématiques communes, y compris celles de l’utilisation de la voie publique.
Laissons les égos, les orgueils et les rivalités vides de sens de coté…
2- Le grand Sud Ouest (Nouvelle aquitaine), véritable terroir d’activités il y a quelques années, est maintenant en situation délicate au niveau des organisations de ses clubs et de leurs licenciés, ton analyse?
Les problèmes d’organisation ou des licenciés ne sont pas l’exclusivité de la nouvelle Aquitaine. Je viens d’avoir des chiffres concernant la Bretagne qui soulignent les mêmes phénomènes. Une nouvelle fois la réponse n’est pas régionale, mais générale. Une grande partie de la réponse se trouve dans mon analyse précédente, tout se tient.
3- Que préconises tu dans l’optique d’une éventuelle réforme des licences?.
Simplifions, simplifions…. Collons à notre temps, soyons logiques et pragmatiques !!!!! il y a moins de 20 ans que nous sommes rentrés dans ce siècle et nous fonctionnons moins bien que si nous étions en 1962 quand j’ai commencé en cadet.
En 1962 les braquets sont devenus libres (avant 46×16), peu de temps après ils ont été à nouveau limités. Aucune étude biomécanique, physiologie, biologique ne valide cette absurdité basée sur le simple fait qu’on va se cramer si on met de grands braquets. Désolé mais les études scientifiques que nous avons, démontrent le contraire aujourd’hui. Vous imaginez un coureur à pieds être limité réglementairement en amplitude de foulée avec une ficelle à chaque cheville sous prétexte qu’il va se cramer. Désolé encore une fois mais coureur à pieds ou cycliste nous avons le même système cardio vasculaire et nous utilisons les mêmes leviers : pied tibia, fémur !!!!
Nous utilisons encore les mêmes termes qu’il y a plus de 40 ans, cadet, junior, ensuite espoir alors que la grande majorité des sports utilisent U15, U16, etc… ces catégories ne représentent plus rien compte tenu de l’évolution morphologique et puissances produites des jeunes, aujourd’hui.
4- Le Cyclosport et les épreuves de masse sont en vogue dans le monde entier, la France étant l’un des deux pays fondateurs de ces activités avec l’Italie est considéré comme un pays véritablement exemplaire, avec une réglementation claire, des parcours et des itinéraires de légende que le monde entier nous envie, cette expansion se poursuit saison après saison, comment expliques tu ce phénomène?
J’ai un peu défloré le sujet en évoquant le rapport licenciés/pratiquants, mais indépendamment de ces considérations, les épreuves de masse organisées en France ou en Italie sont la référence dans le monde entier et attirent un nombre toujours grandissant d’hommes et de femmes passionnés de vélo. Cet engouement pour ces épreuves est lié au poids de l’histoire du cyclisme dont le berceau est européen. Il l’est surtout par la grandeur d’âme de champions charismatiques auteurs d’exploits légendaires sur des parcours mythiques et très, très souvent dans des conditions météo dantesques. Le vélo a cet immense avantage de permettre à chacun, à son rythme, sur ces hauts lieux de légende, comme le Ventoux ou le Galibier de s’identifier à leurs idoles, de retrouver des odeurs, des émotions et de s’évader dans un autre monde qui devient leur propriété, leur monde merveilleux.
Tant que les champions seront porteurs d’émotions l’expansion des épreuves de masse ne cessera de croitre, d’autant que les femmes ont pris conscience qu’elle pouvaient également trouver leur bonheur, le monde merveilleux des petites reines.
5- Ces activités de masse sont pratiquées par des passionnés (Hommes et Femmes) de tous âges et tous niveaux, qui disposent d’un véritable pouvoir d’achat, faisant ainsi vivre le secteur du Cycle et produits dérivés, on constate à contrario que cette clientèle totalement captive, n’est pas véritablement prise en compte par les marques Françaises qui semblent se désintéresser de ce potentiel, véritable coeur de cible… A la différence des marques étrangères, Italiennes, Européennes et asiatiques qui gagnent régulièrement des importantes parts de marché, une anomalie?
J’ajouterai que cette activité est une mine d’or pour toute l’industrie du cycle, ses dérivés et une économie non négligeable du tourisme.
N’oublions jamais que la pratique du vélo sous toutes ses formes est un levier extraordinaire du sport santé, du bien vivre en harmonie avec la nature et avec soi même.
Patrick François
Mars 2018
Photos Patrick Pichon FFC
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