La RAAM: Un brin d’histoire!

velo conceptPrésentation du plus long CLM au monde : la RAAM 2004

Cette année la RAAM commencera le dimanche 20 juin 2004 à San Diego et devrait s’achever environ 9 jours plus tard à Atlantic City,dans le New Jersey. Les participants devront franchir 35 000 mètres de dénivelé et traverser 14 états en une seule traite et sans bénéficier de l’abri d’aucune roue pour cette course en ultra-distance de 4700 kms. Les catégories existantes sont : Individuel, Tandem, Equipe  2 / 4 personnes et Equipe Groupe Sportif (8 personnes).

De nos jours, les termes utilisés pour cataloguer les personnes, lieux et choses abondent. A propos de la RAAM, les mots ‘démesure’, ‘dépendance’ et ‘folie’ viennent à l’esprit. Reconnaissons-le, faire la course sur presque 5000 kms c’est un pari complètement fou – difficile de dire autre chose. Faites- le en une seule étape et  vous voilà face à un défi qui vous emmène si loin de l’ordinaire que plus aucun retour en arrière n’est possible. La plupart des gens passent leur existence à essayer de penser et vivre différemment et ceux qui y arrivent veulent rarement rebrousser chemin. La RAAM n’accepte aucune limite. L’impossible n’y a pas cours et l’ordinaire c’est justement ce dont les participants s’éloignent le plus possible.

Les adeptes de la RAAM ne veulent pas être étiquetés. Ils ne se présentent pas comme des sportifs de l’Extrême alors que tant d’autres disciplines, souvent bien moindres , en font leur fonds de commerce.
Les gens qui s’élancent d’un avion, une planche de snow aux  pieds, peuvent être qualifiés de sportifs de l’Extrême, de même que les pratiquants de la plongée libre – ces gens qui s’accrochent des poids pour découvrir jusqu’à quelle profondeur de l’océan ils peuvent plonger (en apnée, pour faire bonne mesure) avant de remonter à la surface.
Avec le dernier record établi à plus de 174 mètres de profondeur, la plongée libre fait sans aucun doute partie des sports de l’extrême. Félix ‘l’Homme- Oiseau’ Baumgartner a sauté d’un avion au-dessus de Douvres, en Angleterre, et a atterri 35 kms plus loin en France, au Cap Blanc-Nez, de l’autre côté de la Manche, après un vol de 14 minutes. Il avait une combinaison de saut aérodynamique dotée d’un aileron en carbone long de 1.80 mètre dans le dos, une bouteille d’oxygène et un parachute. Lorsque son premier parachute n’a pas réussi à s’ouvrir, il s’en est débarrassé calmement, en le sectionnant, avant d’actionner son parachute de sécurité et d’atterrir sain et sauf sur la terre-mère.
Aucun doute là-dessus , Monsieur l’Homme-Oiseau, vous êtes bien un sportif de l’extrême. Bien sûr il y en a beaucoup d’autres comme vous mais c’est un terme qui a été vidé de son sens par le ‘branché’ de base, nouveau venu dans un sport ambitionnant le label ‘extrême’.

La RAAM n’est pas une mode. L’ultra endurance ou l’ultra marathon cycliste, inspiré de Paris-Brest-Paris,  fut à l’origine du Tour de France. Bien qu’il y ait toujours eu des ultras depuis la naissance du cyclisme, pour la plupart ils n’ont bénéficié que de l’attention généralement accordée aux ours danseurs ou aux chèvres à deux têtes. Ils sont là devant nous et cependant nous n’en croyons toujours pas nos yeux.
En 1899, Arthur Richardson fit le tour du continent Australien en 243 jours sur sa randonneuse. Pas de bitume ou de McDos à cete époque. Il lui a fallu chasser pour manger et se débrouiller avec les moyens du bord pour réparer sa bicyclette, d’un poids de 25 kgs. Il n’avait ni feux arrière ou avant, ni cuissard, ni lunettes de soleil. La lune et le soleil constituaient ses seuls repères. Il savait quelle était la saison mais non la date. Et lorsqu’il eut fini, il se dit prêt à repartir. Etait-il fou ? Peut-être avait-il  quelques dispositions à l’accoutumance et était-il un jusqu’au-boutiste à tout crin, mais il savait exactement ce qu’il faisait.

En 1982, quatre cyclistes ultras de très haut niveau s’opposèrent lors d’ une course non-stop à travers les USA. Ils partirent du port de Santa Monica et bouclèrent leur périple moins de 12 jours plus tard au pied de l’Empire State Building à New York. Il  ne leur avait  même pas fallu deux semaines pour disputer la course qu’ils avaient organisée et pour laquelle ils s’étaient entraînés pendant plus d’un an. Mais jamis ils ne mirent  un terme à cette course, devenue la RAAM.

Maintenant la RAAM, dont ce sera la 23° édition, attire ce qu’il se fait de mieux en matière de cyclisme mondial ultra.
Rob Kish, ultra américain légendaire, a pris part à 17 éditions consécutives. En 1992, il établit le record actuel de la RAAM, à savoir 8 jours 3 heures et 11 minutes à une vitesse moyenne de 23.85 km/h.
Peter Penseyres, lors d’une édition au tracé plus long, établit le record de vitesse de 24.64 km/h en 1986.
La californienne Seana Hogan a fini première féminine à 6 reprises.
Danny Chew, l’Homme au Million de Miles, a remporté l’épreuve à deux reprises. Et bien sûr, il  y a le vainqueur de la RAAM l’année dernière, Allen Larsen, rescapé d’un accident automobile si grave qu’on lui donnait peu de chances de pouvoir marcher à nouveau.
Et Wolfgang Fasching, qui nous vient d’Autriche, trois fois vainqueur de la RAAM et , pour autant que je le sache, le seul au monde à avoir gagné la RAAM et fait l’asencion de l’Everest.
En 1996, l’équipe Kern Wheelmen parcourut les 4648 kms de la RAAM à la vitesse de 36.96 km/h alors que Lance Armstrong a gagné le Tour de France 2003 long de 3408 kms, avec une vitesse moyenne de 40.64 km/h.
La RAAM attire des compétiteurs qui, en course, mobilisent absolument toutes leurs capacités et se battent non seulement à la force de leurs jambes mais aussi à la force de leurs rêves.

L’année dernière, un ancien pilote de chasse du corps des Marines , le capitaine Paul Bonds, participa pour la première fois à la RAAM, à l’âge de 54 ans. Bonds a couru en mémoire de sa fille Jennifer, tuée à l’âge de 14 ans par un automobiliste alors que  père et  fille roulaient côte à côte. Il n’a pas gagné la course mais il a réussi à rallier l’arrivée, tirant sa force de ce vrai courage qui rendait John Wayne heureux.

Cette année, l’épreuve sera dédiée à titre honorifique à un autre Marine à la retraite, le Caporal Jim Penseyres de Fralbrook, Californie, décoré de la Purple Heart (NdT : médaille décernée aux blessés de guerre de l’armée américaine) à deux occasions.
En 1968, lors de son dernier mois au Vietnam, Jim a marché sur une mine et a été amputé de la jambe gauche, juste en-dessous du genou. Mais il s’est accroché et dix-sept ans plus tard, en 1985, lors de sa première participation à la RAAM, il  courut en individuel et traversa les USA en moins de 12 jours. Deux ans plus tard, il ré-édita l’exploit en moins de 11 jours et demi. Et en 1990, il boucla les 4640 kms en 10 jours et 17 heures.
Entre les éditions courues en individuel, il se joignit à son frère Pete et deux autres coureurs pour former l’équipe Lighting.
Equipés de vélos couchés, ils réalisèrent la traversée dans le temps remarquable de 5 jours, 1 heure et 18 minutes, avec la moyenne stupéfiante et inégalée de 38.56 km/h !

Les cyclistes confirmés peuvent disputer la RAAM dans différentes catégories. Ils doivent participer à des  épreuves de qualification et, même avec une préparation des plus sérieuses, les choses se déroulent rarement comme prévu.
Pour gagner la RAAM, il faut être capable de rouler fort au moins 21 heures par jour et souvent plus. Le doute n’a pas sa place et la souffrance est accueillée, pas subie. Cela nécessite  courage, foi et qualités de coeur, mais aussi une équipe d’assistance solide.
Cette année, la course est dotée de primes et récompenses d’une valeur de 171 000 dollars mais l’argent n’est la motivation d’aucun des participants.
La RAAM amène les gens à placer la barre très haut et leur donne l’élan nécessaire à son franchissement.

Course extrême ? Absolument ! Course de la démesure ? Oui, la plus belle espèce. Course pour accrocs ?
Essayez et vous verrez..

Perry Stone….
http://www.raceacrossamerica.org
Le JDC. 05/2004. Droits réservés.
Traduction Patricia
Photo Allen Larsen. RAAM 03. Droits réservés.