Cyclopolis, ville nouvelle.

velo conceptChaque matin, ou une fois par semaine, vous chevauchez votre destrier urbain pour vous déplacer. Ce faisant, si nous en croyons l’auteur de Cyclopolis, ville nouvelle : contribution à l’histoire de l’écologie politique, vous faites partie d’un mouvement d’écologie politique. Avec une écriture fluide, Benoît Lambert nous fait découvrir les dessous de l’utilisation du vélo. Après la lecture de ce livre, on regarde notre cher vélo, qu’il soit rouillé, tordu ou brillant comme un sou neuf, sous un autre œil. On se prend à rêver de cyclopolis, une ville de l’éco-mobilité où la qualité de vie primerait sur la rapidité illusoire des déplacements motorisés.

Passant de l’historique du mouvement cyclo-écologiste à l’urbanisme, Benoît Lambert dresse un large portrait de la problématique. Selon cet auteur, les sources idéologiques du mouvement pour une éco-mobilité sont à la fois le résultat d’une critique radicale de l’industrialisation, de la technoscience et de l’urbanisme qui en est issu. Bien qu’idéologique à son origine, ce mouvement s’est institutionnalisé et certains gouvernements prennent des décisions allant dans le sens de leurs revendications. Passant de la manifestation spontanée dans les rues, aux déjeuners sur le toit des voitures garées en zone piétonne et aux projets pilotes, le mouvement s’est structuré et a pénétré les municipalités (Club des villes sans voitures, journées sans voiture, Tour de l’Ile de Montréal, etc..). Fait non négligeable : le regard de l’auteur n’est pas restreint, ce qui est généralement le cas de tels livres, à l’Europe ou à l’Amérique mais va d’un continent à l’autre, tout en ne délaissant pas l’Asie et l’Afrique.

Mais quelle forme prendrait la cyclopolis ? Selon Benoît Lambert la cyclopolis n’est pas tant que la bicyclette s’y impose comme le moyen de transport, mais plutôt qu’elle devienne l’étalon de la mobilité, structurante de l’environnement construit […] La cyclopolis donnerait priorité aux modes de transports individuels lents faisant une consommation parcimonieuse de l’espace, tandis que les modes de transport collectifs pourraient y atteindre des vitesses supérieures sur des tronçons plus ou moins protégés. On pourrait reprocher à l’auteur de ne pas aborder des cas concrets pour démontrer la faisabilité d’une telle cyclopolis. Mais cela serait faire fi de son argumentaire convaincant. À chacun sa tâche et la sienne est d’éveiller les décideurs et la population relativement au déséquilibre entre les modes de transports, l’aménagement du territoire et la qualité de vie. À d’autres d’utiliser cet argumentaire pour proposer des projets plus concrets. La force de cet essai est certainement de conserver l’objectif du propos soit de démontrer l’importance du mouvement cyclo-écologiste, pour l’écologie politique. Pour ceux qui veulent du concret, ils pourront le trouver disséminé ici et là dans le texte.

Dans cet excellent essai, Benoît Lambert démontre qu’adapter les grandes villes de la planète à la voiture n’est plus de mise. L’aménagement du territoire et l’urbanisme doivent s’appuyer sur des concepts autres que celui du déplacement motorisé, dont une illusion nous fait croire à la rapidité. Il démontre que les infrastructures nécessaires à la voiture volent de l’espace qui pourraient devenir des jardins collectifs, des espaces verts. La voiture vole l’espace des citadins. Faire autrement est possible et le partage de voitures est une option développée dans de nombreuses villes et régions.

Infos complémentaires :
http://vertigo.revues.org/index4775.html
Références: Benoît Lambert, Cyclopolis, ville nouvelle : Contribution à l’histoire de l’écologie politique, Genève, Suisse, Éditeur Goerg, Collection Stratégies énergétiques, biosphère et société, 289 p., 2004.

le JDC. 04/2010