La Pierre Jacques en Barétous 2005: Mais qu’est-ce qui les fait courir?
Qu’y avait de si précieux pour qu’ils se lancent dans ce déluge à l’assaut de cette montagne de nuages noirs parsemée d’éclairs ? Sur la route transformée en torrent ils sont donc partis, devant le regard incrédules des nombreux compéres n’ayant pas sorti le vélo de la voiture Arette, les premières rampes , bientôt seul , le repli sur soi . Le corps s’échauffe à l’humidité ambiante , le rythme s’installe la pente devient rassurante car déjà c’est la descente qui prend la tête . Le froid qui va prendra le corps glacera les doigts , et le danger , la glissade impromptue . Soudet, et la pluie redouble , le poste de ravitaillement disparait dans le brouillard. La descente sur St. Engrace délicate par temps sec devient un cauchemar sous l’orage . Héléna Mayo en fait les frais et doit être évacuée en hélicoptère , heureusement sans trop de mal . Mais …ce n’est qu’un rien , le ciel qui blanchit , l’imper qui devient flottant , les premières tàches de goudron sec ….Tardets , ils l’ont vaincu la montage hostile. Déjà les pieds , les mains se dégourdissent dans la douleur. Virage à droite décision affirmée ils affrontent Issarbe . Le temps se léve . La route également ! les muscles durcis , les premiers kilomètres à 10% sont arrachés . Devant la course se décante, Lacôme, Clément séparés de 100 m montent d’un train soutenu, tandis que derrière les écarts se creusent . Issarbe enfin, de nouveau le froid de la courte descente , et les muscles de nouveau de bois à l’amorce du dur final du col de Soudet. Et de deux cols ! La large descente sur Arette permet enfin de récupérer , il fait moins froid . Aramits , il faut être fort dans sa tête pour ne pas s’arréter et continuer , La Pierre Jacques se gagne aussi dans la tête ! . Enfin la douce chaleur qui permet de se refaire tant bien que mal . Mais Lourdios passé , les premières rampes rugueuses du col de Labays se dressent , le vélo colle de nouveau à la route . Lacôme à course gagnée . Il faut s’atteler à la tâche et égrener les kilomètres . Le col enfin !… enfin la délivrance de la plongée sur l’arrivée . Il y a eu une course devant mais aujourd’hui se n’est pas faire offense aux premiers que rendre un égal hommage à tous les arrivants pour avoir vaincu à ce point les éléments déchainés . Nul doute qu’ils garderont longtemps le souvenir des moments forts de cette journée .
Ce qu’ils cherchaient ? L’essence du cyclosport . Faire vivre l’espace d’une journée , la part de folie que tout cycliste porte en soi .
Alain Miramon Photo: La Pierre Jacques. Droits réservés.