Entretien avec Pierre Hémon, Président de l’AF3V (Association pour le développement des Véloroutes et Voies Vertes)
Préambule: Green Cycling entreprend à l’heure actuelle un élargissement de ses objectifs et de ses activités, à ce titre, a adhéré à l’AF3V (Association pour le développement des Vélos routes et Voies Vertes)
Vincent Hurstel a rencontré Pierre Hémon, Président de l’AF3V!
Entretien exclusif:
Vous êtes président de l’association AF3V. Nous aimerions partager avec vous l’expérience qui est la vôtre dans le cadre d’actions à promouvoir pour que toutes les pratiques du vélo, du vélotaf au vélo loisir en passant par le vélo de compétition, puissent se développer en toute sécurité.
En quelques questions, avec le parrainage de Green Cycling, nous allons tenter de mieux comprendre ce que nous pourrions apporter dans cette période où le vélo devient plus qu’un moyen de transport ou d’évasion, mais devient un argument, voire un instrument de conflits.
1 – Pierre HEMON, vous êtes président de l’AF3V depuis combien de temps ? Quel est le parcours qui vous a conduit à ce mandat ?
Président depuis septembre 2021 (du tout frais), après avoir été vice-président quelques temps. Pratiquant quotidien du vélo, pratiquant de l’itinérance à vélo, je suis bien évidemment sensible aux conditions qui en favorisent la pratique. Mon expérience d’élu ayant eu en charge les aménagements cyclables et cyclo touristiques d’une grande Métropole, m’aide à comprendre les enjeux de territoires et les jeux d’acteurs.
2 – Quelle est la mission de AF3V ?
Créée en 1997 l’AF3V agit pour la réalisation d’un réseau ambitieux de véloroutes et de voies vertes au bénéfice de la transition écologique, de l’inclusion sociale et de la santé. L’aménagement de véloroutes et de voies vertes encourage la réduction des déplacements émissifs en gaz à effet de serre (GES) au profit de l’écomobilité, tout en contribuant au développement d’un tourisme respectueux de l’environnement et favorise l’émergence d’un territoire solidaire et accessible par tous. https://www.af3v.org/association/velo-express/
3 – Quels sont les moyens financiers de l’ AF3V, et quelle est son influence dans le développement des voies cyclables en France ?
Cotisations des adhérents et dons font la base de nos ressources. S’y ajoute une subvention du ministère de la Transition écologique. Et des partenariats financiers sur certains projets (merci à la Fondation Macif, la Fondation Norauto et la Fondation SNCF qui soutiennent le projet Vélo expresS ).
De même une convention avec l’IGN qui lui permet d’utiliser nos données pour faire apparaître les véloroutes et voies vertes sur ses cartes « Top 100 », preuve s’il en est de leur fiabilité (et de celle de nos sillonneurs !).
4 – Si l’on vous disait aujourd’hui : donnez-nous 3 grandes choses à réaliser immédiatement pour que la sécurité des cyclistes soit concrètement améliorée, et nous les réaliserons ! Quelles seraient-elles ?
Et bien Je vous en donnerais quatre pour le prix de trois !
- Limiter à 50 km/h la vitesse sur les petites routes partagées, si jolies et agréables.
- Supprimer ces foutues barrières qui compliquent, voire empêchent, l’accès aux voies vertes aux vélo-cargos, aux tandems, aux vélos avec remorques, aux personnes se déplaçant en fauteuils roulants, bien plus qu’aux scooters…
- Revoir la plupart des carrefours et croisement en pensant en premier à la priorité et la sécurité des cyclistes, ce qui équivaudrait à une petite révolution culturelle chez bien des aménageurs !
- Faire des revêtements de qualité, « roulables » partout et par tous les temps ! Donc arrêter avec le stabilisé, usine à ornières et flaques, qui s’abîme à la première inondation. L’enrobé a fait ses preuves (voir à ce sujet notre étude conjointe avec France Nature Environnement …https://www.af3v.org/quels-revetements-pour-les-voies-vertes/ …. Et ce d’autant plus qu’il existe maintenant des produits à base de bitume recyclé.
5 – Pensez-vous qu’une collaboration entre les différents acteurs passionnés de vélo puisse être envisagée ? Et pensez-vous qu’une telle démarche puisse avoir plus de poids pour les décideurs, les élus et les membres de la société civile ?
Oui c’est pour nous évident, et d’ailleurs cette collaboration existe nationalement pour faire du mois de mai le mois du vélo : 13 organisations se sont regroupées à cet effet ..voir https://www.maiavelo.fr/
6 – Quelles seraient, selon vous, l’intérêt d’une collaboration entre nos deux associations, AF3V et Green Cycling ? Quelles « missions » pourriez-vous confier aux membres de notre Patrouille ? Qui sont autant d’experts « vélo » dans les territoires qu’ils parcourent au quotidien… Pensez-vous qu’elles pourraient éviter les dérives que nous commençons à rencontrer dans notre vie quotidienne ?
Vos « patrouilleurs » pourraient tout à fait faire remonter à nos délégués locaux leurs remarques sur l’état des véloroutes et voies vertes parcourues : c’est ce travail qui nous permet de tenir à jour notre carte interactive tant appréciée.
Voir…
https://www.af3v.org/les-voies-vertes/carte-du-schema-national-des-veloroutes-et-voies-vertes/ ).
Ils pourraient tout à fait aussi participer au travail de labellisation que nous mettons en œuvre avec les collectivités locales …En effet en 2021, l’AF3V a lancé un nouveau label destiné à distinguer les voies vertes en fonction de 16 critères spécifiques. 3 niveaux de label ont été créés et seront décernés en fonction de la qualité des aménagements.
La voie verte entre Richelieu et Chinon en Touraine a été labellisée 3V-Belle voie 2 étoiles par l’AF3V pour une durée de 3 ans.
C’est la 1ère labellisation attribuée par l’association. Labellisation plus d’infos
Enfin sur le thème « zéro déchet », que vous portez avec détermination, nous nous retrouvons complètement.
7 – Pour terminer, quel serait pour vous l’agenda idéal pour que notre sentiment de vulnérabilité à vélo, pour que les conflits d’usage de plus en plus fréquents entre cyclistes, automobilistes et à présent entre les différents utilisateurs de voies cyclables ou voies vertes, se dissipe au plus vite ?
La très forte augmentation du nombre de cyclistes a fait évoluer la nature des conflits, c’est par exemple très net en ville, où il n’y a plus à « s’excuser » de se déplacer à vélo. Informer, accompagner le développement du vélo, sécuriser les infrastructures cyclables et les services (accueil, box sécurisés, ateliers et stations de réparation doivent faire l’objet d’une politique spécifique. Cela commence en bien des endroits. Mais aussi renforcer les associations d’usagers comme les nôtres qui ont un rôle d’éducation, de médiation aussi, de représentation des usagers cyclistes qui sont très divers.
Comprendre qu’une voie verte n’est pas une piste de compétition ou d’entrainement parce qu’elle est ouverte aux piétons, rollers, cyclistes inexpérimentés autant que vieux coursiers, c’est aussi apprendre à vivre et rouler ensemble !
Vincent HURSTEL
Green Cycling pour CPT.com
01/2022
Photos D.R
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