Le journal de Patrick Autissier: Les préparatifs à J-10

Boston, le 09 Juin 2005 , J – 10.

Bonjour à tous,

Je suis sûr que vous vous demandez quelle va être mon alimentation pendant la course, pas vrai ? Un adulte mange en général environ 3.000 calories par jour. Pour ce genre d’effort non-stop, on parle plutôt de 8 à 10.000 calories par jour, 400 calories par heure. Malgré cela, je m’attends à perdre entre 3 et 5 kilos. J’ai prévu de faire un seul repas normal par jour, juste avant ma “longue nuit”, qui durera entre 2 et 3 heures. Ça me donnera le temps de digérer et d’être frais dispos (en quelque sorte !) pour une autre journée de vélo. Le reste de mon alimentation sera principalement liquide, à haute teneur en calories. Comme vous êtes curieux, je suis sûr que vous vous demandez aussi quelle va être mon hydratation, non ? Un adulte normal devrait boire environ 1.5 litres par jour, pour compenser les pertes hydriques. Pendant la RAAM, je devrais boire environ 10 fois plus, soit 600 ml par heure (un bidon cycliste). Les boissons seront de l’eau, du coca (pour le sucre), et des boissons énergétiques à haute teneur en sodium. Le risque majeur sur une course de ce type est l’hyponatrémie, c’est-à-dire un manque de sodium. Cela arrive si on boit trop d’eau (hyperhydratation), ou ne compensons pas les pertes de sodium dues à la transpiration. Le travail de mon équipe sera de suivre la prise de calories et de liquides en permanence, pour rester dans cette zone. D’autre part, Olivier, avec l’aide de Rob, va enregistrer différents paramètres physiologiques (rythme cardiaque en continu, capacité pulmonaire, fonction rénale, poids, température, sommeil, etc…) durant la course. L’idée est d’avoir un maximum d’infos pour réaliser une ou plusieurs études scientifiques, et ensuite les publier dans des revues internationales. Enfin, Jérome, en tant qu’ethnologue, étudiera notre petit microcosme, soumis à un environnement un peu “spécial”. Je ferai probablement la RAAM qu’une fois, et je veux utiliser toutes les opportunités que cette course a à offrir.

Cette semaine, je voudrais vous présenter 3 autres sponsors: TV5 est la 1ère chaîne mondiale de langue française. Plus de 160 millions de foyers réparties sur 203 pays reçoivent TV5 qui fait de la chaine l’un des 3 plus grands réseaux mondiaux de télévision aux côtés de MTV et CNN. TV5 peut être reçu aux Etats-Unis grâce à Dish Network et Comcast. Quand nous nous sommes installés à Boston, nous avons rapidement vu ma femme et moi, qu’il nous fallait absolument garder un lien avec la France. Le jour ou nous avons installé TV5, je peux vous dire qu’on était très content ! SolidWorks, est une entreprise achetée par Dassault Systèmes S.A. en 1997, et qui produit des logiciels de conception mécanique 3D. Ces logiciels sont utilisés par plus de 365.000 ingénieurs et concepteurs de produits dans le monde, travaillant en particulier dans les domaines de l’industrie, de la science et de la médecine. Bertrand Sicot, Vice-Président et Responsable des ventes en Amérique du Nord, a rendu possible ce sponsoring, et grâce à lui, je vais pédaler dans un fabuleux décor 3D très réel. Enfin, Boston Accueil est un des maillons de la Fédération Internationale des Accueils Français et Francophones à l’Etranger (FIAFE) qui a pour vocation de promouvoir et de faciliter l’accueil des français dans le monde. Beaucoup de bénévoles à Boston Accueil m’ont aidé à mettre en oeuvre ce projet. Je voudrais citer en particulier Christine Bolzan, Carole et Cyril Kuhn, Françoise Matte, et bien sûr Corinne Denis, qui représentera en quelque sorte BA dans cette aventure. Corinne travaille sans relâche à la logisitique de ce voyage, qui s’apparente a une expedition en haute montagne.

Pourquoi avoir choisi 2 millions de dollars comme but ? Dans n’importe quel projet, on doit se donner un but, sinon ça n’a pas de sens. Cette course, considérée comme la plus dure au monde, méritait un but pour le fundraising de cette ampleur, c’est-à-dire énorme. De plus, ce nombre devait avoir un rapport direct avec l’épidemie de SIDA. Depuis le deburt de ce projet, 2 millions de personnes ont été infectées par le virus. Une personne est infectée toutes les 7 secondes quelque part dans le monde, et seul probablement un vaccin peut diminuer ce taux d’infection. Il faut savoir que seulement 3% des fonds globaux attribués au SIDA va pour la recherche d’un vaccin. Il faut augmenter ce chiffre par tous les moyens si nous voulons vraiment éradiquer cette épidémie. Comme je l’ai dit dans la 1ère Newsletter, nous sommes très loin des 2M de dollars. Mais le projet n’est pas encore fini. Chaque donation, si petite soit-elle, est essentielle. Mais évidemment, des donations importantes, de sociétés ou de particuliers, changeraient la donne. Je reste persuadé que nous pouvons toucher ces gens-là. Cependant, il faut absolument que les médias (presse, TV, radio) se fasse l’écho de ce projet ambitieux qui défend une noble cause. Il n’y a qu’une seule règle dans le monde de la collecte de fonds : PAS DE MÉDIA, PAS DE FUNDRAISING. Malheureusement, je ne suis pas Sharon Stone qui réussit, grâce à son incroyable culot et sa célébrité, à récolter 1M de dollars en 5 minutes à Davos (Suisse) pour lutter contre la malaria en Tanzanie. Je dois faire un peu (beaucoup !) plus d’effort pour atteindre mon objectif. Mais je sais que l’argent est là, et que la volonté des gens d’en finir avec cette épidémie est là aussi.

Merci de m’aider à atteindre cet objectif.

((Patrick
http://www.patrickautissier.org